samedi 15 mai 2021

Préface 1 de mon deuxième livre sur l’éducation. Citoyen du Monde

 

 

Pierre Clément, Docteur en didactique de la biologie, Professeur de didactique de la biologie à l`Université Claude Bernard Lyon 1 et ancien directeur de ma thèse en cotutelle (UCBL1 & Université de Tunis, 2007)

 

Quand j’ai rencontré pour la première fois Mohamed Kochkar, en 1998 à l’ISEFC de Tunis où j’allais faire des cours de Didactique de la Biologie à la première promotion du DEA de Didactique, il n’avait jamais entendu parler de l’épigenèse cérébrale, c’est à dire de la façon dont nos neurones cérébraux se configurent en fonction de notre histoire propre. Il découvrait alors que tout cerveau humain est a priori capable de tout, d’apprendre n’importe quelle langue par exemple, et que ses performances s’acquièrent en fonction de ce qu’il apprend à maîtriser : langage, concepts, gestes, procédures … Changeux avait popularisé l’épigenèse cérébrale dans son best-seller « L’homme neuronal » (1983). Je faisais largement référence à ce concept dans mon cours, ainsi qu’à d’autres concepts qui montrent que ce qui est vivant s’auto-construit en fonction de ce qui l’entoure, et qu’émergent ainsi des pensées, des cellules et autres structures adaptées ou encore des espèces nouvelles, sans qu’on ait besoin de faire appel à un déterminisme simpliste de ces nouveautés qui auraient été préfigurées par un programme, qu'il soit génétique ou autre.

Mohamed Kochkar a été ébloui par la pertinence de ce concept d’émergence, qui encourage à lutter contre une pensée fataliste, qui permet de comprendre que chacun construit sa propre pensée et qui suggère aux enseignants de mettre leurs élèves dans le contexte le plus favorable pour qu’ils apprennent par eux-mêmes, pas en récitant par cœur sans comprendre, mais en s’appropriant des connaissances et valeurs qui leur permettront de résoudre nombre de leurs problèmes individuels et sociaux. J’ai eu ensuite le plaisir d’encadrer le travail de thèse de Mohamed Kochkar, focalisé sur l’enseignement, à des lycéens tunisiens, de ces nouveaux concepts de la biologie, et en particulier de l’épigenèse cérébrale. Et quand il m’a invité chez lui, j’ai eu l’immense surprise de voir, sur le trottoir devant sa villa à Hammam Chott, le mot ÉPIGENÈSE gravé en lettres de près d’un mètre chacune ! Je ne suis pas sûr que les passants qui marchent sur ces lettres en comprennent le sens avant qu’il ne le leur ait expliqué. Mais je sais qu’il aime l’expliquer. Il aime enseigner. Il aime éduquer. Il a, depuis sa thèse, écrit plusieurs courts articles pour un large public. J’espère vivement que les lecteurs apprécieront la conviction, voire la fougue de Mohamed Kochkar quand il souhaite éduquer en partageant ces connaissances et ces valeurs.

 

Source: Le système éducatif au banc des accusés ! « Les professeurs ne comprennent pas que leurs élèves ne comprennent pas », Mohamed Kochkar, 2014, pp. 13-14 (Pour ceux ou celles qui souhaitent bénéficier d’une copie électronique, il suffit d’envoyer son mail).

 

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