mardi 18 mai 2021

Apprentissage et constructivisme ? Citoyen du Monde

 

 

Ruel (1994, p. 38-39) articule sa réflexion sur le constructivisme autour de deux postulats :

 - le savoir n’est pas transmissible passivement, il est construit activement par le sujet.

- la cognition est une fonction adaptative, elle sert à l’organisation du monde de l’expérience plutôt qu’à la découverte d’une réalité ontologique.

 

Notre étude dans cet ouvrage s’inscrit dans le modèle socio-constructiviste et interactif (SCI) de construction des connaissances (Jonnaert, 2002), un véritable « paradigme épistémologique » qui guide nos recherches en général selon trois dimensions: 

- La dimension constructiviste, en référence à Piaget, valorise l’appropriation active et réflexive du savoir par l’apprenant.

- La dimension « socio », en référence à Vygotsky et aux néopiagétiens, met en évidence la nécessité d’une interaction sociale avec les pairs et les adultes.

- La dimension interactive consiste à mettre le sujet en interaction avec l’objet à apprendre ou à mettre les connaissances préalables (les connaissances antérieures, le déjà-là, les conceptions) de l’apprenant en interaction avec le « savoir-objet-d’enseignement » (c'est-à-dire le savoir codifié dans les apprentissages scolaires). Le sujet ne construit de nouvelles connaissances, ou modifie d’anciennes connaissances, que s’il vit en « interaction » avec son milieu physique et social. Cette dimension ne peut se réaliser que dans une situation-problème d’enseignement/apprentissage.

          Ces trois dimensions fonctionnent en s’articulant sans cesse les unes aux autres, mais, en plus, chacune d’elles alimente toujours les deux autres.

 


1. Le constructivisme

La théorie de Piaget a mis l’accent sur le rôle des structures cognitives que le sujet construit à partir de ses propres actions. Tout savoir est une construction du sujet en réponse aux sollicitations de l'environnement (Piaget, 1992). Piaget plaide pour une acquisition des connaissances par l'expérience, directe ou indirecte, plutôt que par la transmission. Piaget insiste sur une conception de l’enseignement qui se résume essentiellement, non pas à transmettre des connaissances mais à faciliter le processus de construction des connaissances que seul chaque enfant individuellement peut faire grâce à son action sur les objets et à ses interactions avec son milieu.

Le moyen utilisé est de faire surgir des conflits cognitifs internes dans la tête des élèves : ce que chacun croyait savoir ou savoir faire est bousculé et remis en question.

Les constructivistes pensent que ces conflits sont les moteurs mêmes de l`apprentissage. Le modèle constructiviste repose sur une conception selon laquelle l'apprentissage est une démarche active de construction des connaissances, démarche engagée par l'apprenant et non une réception passive de savoirs pré-construits par les éducateurs (Cresas, 1991). Ce modèle est caractérisé par la place centrale qu'occupe l'apprenant dans la construction de son savoir : «l’élève construit son savoir à partir d’une investigation du réel, ce réel comprenant aussi les pratiques sociales de référence ?  […]. Il se l’approprie de manière non linéaire, par différentiations, généralisations, ruptures… », (Astolfi et al, 1997, p 56). Cette interaction avec l'environnement met en jeu des processus intellectuels qui favorisent le changement conceptuel. En effet, ces processus permettent d'appréhender de nouveaux aspects de la réalité, soit en les intégrant aux schèmes conceptuels existants (assimilation), soit en créant de nouveaux schèmes pour les intégrer (accommodation). Le déséquilibre entraîné par la nécessité d'une réorganisation des schèmes de connaissances se rétablit grâce à un retour à l'équilibre ou équilibration (Piaget, 1972).



2. Constructivisme et nativisme

Le constructivisme postule que le sujet construit progressivement sa représentation du réel au travers de son action sur l’environnement.

           Le nativisme envisage le développement comme la révélation progressive de formes innées, où l’environnement certes intervient, mais davantage comme matériau épigénétique que comme terme d’une interaction. Les nativistes eux-mêmes, et en premier lieu N. Chomsky, admettent que le langage se constitue à partir d’un « noyau fixe » (une « compétence intrinsèque » spécifiant les grammaires accessibles à l’enfant) inné apportant le cadre des opérations logiques nécessaires à l’apprentissage du langage, mais que, par la suite, le milieu intervient pour compléter le processus. Le nativisme conduit donc à la notion d’une prédétermination des performances effectivement accessibles aux individus d’une espèce, parmi la multitude des performances possibles (Jeannerod, 1983). Dans la perspective constructiviste, les stades de développement sont au contraire d’authentiques « constructions » ouvrant chaque fois sur de nouvelles possibilités (Jeannerod, 1983).

 

Source: Le système éducatif au banc des accusés ! « Les professeurs ne comprennent pas que leurs élèves ne comprennent pas », Mohamed Kochkar, 2014, pp. 23-26 (Pour ceux ou celles qui souhaitent bénéficier d’une copie électronique, il suffit d’envoyer son mail).

 

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