Ruel (1994, p. 38-39) articule sa réflexion
sur le constructivisme autour de deux postulats :
- le savoir n’est pas transmissible
passivement, il est construit activement par le sujet.
- la
cognition est une fonction adaptative, elle sert à l’organisation du monde de
l’expérience plutôt qu’à la découverte d’une réalité ontologique.
Notre étude dans cet ouvrage s’inscrit dans
le modèle socio-constructiviste et interactif (SCI) de construction des connaissances
(Jonnaert, 2002), un véritable « paradigme épistémologique » qui guide nos
recherches en général selon trois dimensions:
- La
dimension constructiviste, en référence à Piaget, valorise l’appropriation
active et réflexive du savoir par l’apprenant.
- La
dimension « socio », en référence à Vygotsky et aux néopiagétiens, met en
évidence la nécessité d’une interaction sociale avec les pairs et les adultes.
- La
dimension interactive consiste à mettre le sujet en interaction avec l’objet à
apprendre ou à mettre les connaissances préalables (les connaissances
antérieures, le déjà-là, les conceptions) de l’apprenant en interaction avec le
« savoir-objet-d’enseignement » (c'est-à-dire le savoir codifié dans
les apprentissages scolaires). Le sujet ne construit de nouvelles
connaissances, ou modifie d’anciennes connaissances, que s’il vit en «
interaction » avec son milieu physique et social. Cette dimension ne peut se
réaliser que dans une situation-problème d’enseignement/apprentissage.
Ces trois dimensions fonctionnent en
s’articulant sans cesse les unes aux autres, mais, en plus, chacune d’elles alimente
toujours les deux autres.
1. Le constructivisme
La théorie de Piaget a mis l’accent sur le
rôle des structures cognitives que le sujet construit à partir de ses propres
actions. Tout savoir est une construction du sujet en réponse aux
sollicitations de l'environnement (Piaget, 1992). Piaget plaide pour une
acquisition des connaissances par l'expérience, directe ou indirecte, plutôt
que par la transmission. Piaget insiste sur une conception de l’enseignement
qui se résume essentiellement, non pas à transmettre des connaissances mais à
faciliter le processus de construction des connaissances que seul chaque enfant
individuellement peut faire grâce à son action sur les objets et à ses
interactions avec son milieu.
Le moyen utilisé est de faire surgir des
conflits cognitifs internes dans la tête des élèves : ce que chacun croyait
savoir ou savoir faire est bousculé et remis en question.
Les constructivistes pensent que ces conflits
sont les moteurs mêmes de l`apprentissage. Le modèle constructiviste repose sur
une conception selon laquelle l'apprentissage est une démarche active de
construction des connaissances, démarche engagée par l'apprenant et non une
réception passive de savoirs pré-construits par les éducateurs (Cresas, 1991).
Ce modèle est caractérisé par la place centrale qu'occupe l'apprenant dans la
construction de son savoir : «l’élève construit son savoir à partir d’une
investigation du réel, ce réel comprenant aussi les pratiques sociales de
référence ? […]. Il se l’approprie de
manière non linéaire, par différentiations, généralisations, ruptures… »,
(Astolfi et al, 1997, p 56). Cette interaction avec l'environnement met en jeu
des processus intellectuels qui favorisent le changement conceptuel. En effet,
ces processus permettent d'appréhender de nouveaux aspects de la réalité, soit
en les intégrant aux schèmes conceptuels existants (assimilation), soit en
créant de nouveaux schèmes pour les intégrer (accommodation). Le déséquilibre
entraîné par la nécessité d'une réorganisation des schèmes de connaissances se
rétablit grâce à un retour à l'équilibre ou équilibration (Piaget, 1972).
2. Constructivisme et nativisme
Le constructivisme postule que le sujet
construit progressivement sa représentation du réel au travers de son action
sur l’environnement.
Le nativisme envisage le développement comme
la révélation progressive de formes innées, où l’environnement certes
intervient, mais davantage comme matériau épigénétique que comme terme d’une
interaction. Les nativistes eux-mêmes, et en premier lieu N. Chomsky, admettent
que le langage se constitue à partir d’un « noyau fixe » (une « compétence
intrinsèque » spécifiant les grammaires accessibles à l’enfant) inné apportant
le cadre des opérations logiques nécessaires à l’apprentissage du langage, mais
que, par la suite, le milieu intervient pour compléter le processus. Le
nativisme conduit donc à la notion d’une prédétermination des performances
effectivement accessibles aux individus d’une espèce, parmi la multitude des
performances possibles (Jeannerod, 1983). Dans la perspective constructiviste,
les stades de développement sont au contraire d’authentiques « constructions »
ouvrant chaque fois sur de nouvelles possibilités (Jeannerod, 1983).
Source: Le système éducatif au banc des accusés ! « Les professeurs
ne comprennent pas que leurs élèves ne comprennent pas », Mohamed Kochkar,
2014, pp. 23-26 (Pour ceux ou celles qui souhaitent bénéficier d’une copie
électronique, il suffit d’envoyer son mail).
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