« Les professeurs ne comprennent pas que leurs
élèves ne comprennent pas. » G.
Bachelard (1989)
« Une réforme du système éducatif n’est un
enjeu majeur que si elle profite, en priorité, aux élèves qui ne réussissent
pas à l’école. » P. Perrenoud
(1997)
Les réformes éducatives sont faites en général pour
aider les élèves en difficulté et non pour favoriser les meilleurs.
Paradoxalement, notre dernière réforme (restaurer l`examen « la sixième » et
supprimer progressivement les 25% de rachat au bac) a ajouté des difficultés
aux élèves en difficulté. On peut embellir un bâtiment en voie de démolition
par des retouches mais on ne peut pas
l`empêcher de tomber et gare à ceux qui leur tombera sur la tête !
Le système éducatif n`est pas une piste de course où il
suffit de hausser la barre et que le meilleur gagne. Nous, les enseignants,
nous voudrions que tous nos élèves gagnent, les faibles avant les excellents. A
mon avis, il vaut mieux ne pas construire sur du sable mouvant, au contraire il
faut construire sur une base fondamentale solide, c`est pourquoi on a changé
l`appellation « école primaire » en « école de base ou
fondamentale ».
Dans Le système éducatif tunisien, les élèves ne sont
que des passagers, 6 ans en primaire, 3 au collège, 4 au lycée et au supérieur
3 ou plus, tandis que les enseignants
passent 40 ans de leur vie dans le même poste donc ce sont des résidents
presque à vie. Donc, un réformateur scientifique averti et sérieux devrait
commencer par former le formateur lui-même (l`instit, le prof du lycée et le
prof universitaire). Comment ? Un formateur (l`enseignant) doit être
obligatoirement formé avant de lui livrer un permis d`enseignement valable à vie.
Est-ce que nos enseignants sont formés pour enseigner ? Malheureusement ma
réponse est plutôt négative. Pourquoi ? Bien sur, ils ont obtenu les
diplômes nécessaires, chacun dans sa spécialité, mais, est-ce que c`est
suffisant pour enseigner ? Non il faudrait savoir maîtriser d`autres
compétences scientifiques et technologiques pour pouvoir réussir son cours.
Quels sont ces compétences nécessaires pour que
l`enseignant puisse transférer son savoir à ses élèves ?
Je pense que chaque enseignant tunisien devrait passer
par un institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) où il
bénéficiera d`une formation académique en pédagogie, didactique, épistémologie,
histoire des sciences, psychologie de l`enfant, sciences de l`évaluation
et TICE (technologies de l`information et de la communication pour
l`enseignement), sans pour autant négliger l`infrastructure ni non plus se
focaliser là-dessus. Qu`est-ce qu`elle a donné la fameuse infrastructure aux
pays du Golfe ? Je pense que le mal réside dans la superstructure, c. à.
d. la formation des formateurs qui doit être suivie de la formation
« constructiviste » (Piaget & Vygotsky) de l`élève (selon le
célèbre proverbe chinois : « ne me donne pas un poisson, mais
apprends-moi à pêcher ». En Tunisie, je n`ai pas remarqué de différences en moyens didactiques entre les
régions de la Tunisie.
Je finis mon discours par attirer l`attention de mes
collègues et leur dire que l`élève n`est pas un rat dans un labyrinthe et
l`enseignant n`est pas un chercheur en psychologie comportementale qui lui
définit à l`avance une porte d`entrée et un issue de sortie, l`élève n`est ni
un vase vide qu`il suffit de remplir ni une page blanche qu`il suffit de
noircir.
Problématique à creuser : Pourquoi les
professeurs ne comprennent pas que leurs élèves ne comprennent pas ?
Source: Le système éducatif au banc des accusés ! « Les professeurs
ne comprennent pas que leurs élèves ne comprennent pas », Mohamed Kochkar,
2014, pp. 44-46 (Pour ceux ou celles qui souhaitent bénéficier d’une copie
électronique, il suffit d’envoyer son mail).
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