Premièrement,
faisons un bref rappel des mesures disciplinaires répressives appliquées
actuellement en Tunisie : l’élève accusé de fraude est reconduit devant le
conseil de discipline du lycée, s’il est coupable, il est renvoyé du lycée de 4 à 15 jours et en cas de récidive, la
sanction sera plus lourde : le renvoi définitif du lycée. L’élève a le
droit de se défendre mais sans avoir recours à un avocat malgré la gravité de
la punition qu’il pourra encourir.
Deuxièmement,
essayons de donner à la fois un aperçu sur les causes objectives de la fraude
et sur les alternatives scientifiques proposées :
- Les classes
nombreuses : est-ce que c’est logique de mettre 40 élèves dans
une salle conçue pour 20 et interdire à chacun de regarder la feuille de
son compagnon de table ? Est-ce que à l’élève qu’incombe la
responsabilité des classes nombreuses ?
- La façon de
poser les questions : où est le mal si un élève prépare au
préalable une vraie « fausse copie » remplie de citations
dans un examen de rédaction arabe ou remplie de formules dans un examen de
mathématiques ou de physique ? Il vaut mieux évaluer l’élève sur la
mobilisation de connaissances et non seulement sur leur mémorisation. La
mémorisation est réhabilitée dans l’enseignement moderne mais elle ne doit
pas accaparer tout l’apprentissage.
- Le contenu
anachronique des programmes : pourquoi impose-t-on à l’élève
des programmes qui ne prennent pas en compte ses préoccupations ? Il
serait plus correct pédagogiquement de demander l’avis des élèves avant de
concevoir les programmes officiels.
4. Le béhaviorisme de
Watson et Skinner : durant tout le cursus scolaire, l’élève apprend
par stimulus/réponse et par sanction/récompense. On détermine son avenir à sa
place et on le traite comme un rat dans un labyrinthe dont nous seuls, les enseignants, connaissons les issues.
Notre élève ne cesse de nous lancer au
visage un éloquent slogan célèbre « votre marchandise vous est rendue ».
Cette école béhavioriste a réussi à former des générations qui ne savent pas
prendre d’initiatives.
Il
serait préférable d’opter pour le socioconstructivisme de Piaget et Vygotsky
qui apprend à l’élève à apprendre tout seul surtout dans le monde de
l’informatique où l’élève pourrait bien dépasser son professeur en
connaissances. L’école socioconstructiviste formerait un apprenant capable de
construire son savoir avec l’aide de ses pairs et l’accompagnement de son professeur. Le socioconstructivisme pourrait
provoquer un changement conceptuel chez les éducateurs et les enseignants à
propos de leur relation avec leurs élèves. L’élève n’est pas un vase vide qu’il
suffit de remplir mais un individu qui réfléchit et peut avoir un point de
vue indépendant et différent de celui de
son maître.
- La
pédagogie par objectif :
Les
concepteurs des programmes décident, les professeurs exécutent sans prendre en
considération les conceptions des élèves sur un concept enseigné. Nous nous interrogeons ici : Est-ce que c’est la
leçon du concepteur du programme ou celle du professeur ou celle de
l’élève ?
Il
serait souhaitable d’appliquer la pédagogie du projet, le projet scientifique
interdisciplinaire, choisi et exécuté par l’élève au sein d’une équipe. Cette
équipe d’élèves soutiendra à la fin de
l’année son projet devant un jury et un public scolaire. De cette façon nous
n’aurons plus besoin de surveiller l’élève, nous éradiquerons la fraude à
la racine et nous formerons un citoyen
sûr de lui-même et de ses coéquipiers.
Permettez-moi
de vous décrire la scène que j’ai vue dans un lycée à Nancy en France: J’ai
assisté à une soutenance des élèves de 3ème sciences, un an avant le bac : les
élèves, sur la scène d`une salle amphithéâtre, défendent leur projet devant un
jury en utilisant les nouvelles technologies. Croyez-moi, on dirait des
étudiants en DEA ou des doctorants de chez nous qui soutiennent leurs mémoires
ou leurs thèses. Ils ont travaillé pendant un an, en équipe, au laboratoire du
lycée et chez eux. Ils ont cherché les connaissances dans les livres, les
encyclopédies et Internet. Ils ont mobilisé ces connaissances pour essayer de
trouver des solutions pertinentes à un
problème actuel comme par exemple
« l’effet des pluies acides sur les plantes ». Ils ont appris les abc
de la recherche scientifique et le travail avec les autres.
Conclusion
Les
moyens scientifiques pour lutter contre la fraude existent mais les
responsables et les enseignants ne voient que les sanctions qu’ils font subir à l`élève, le
maillon le plus faible dans une chaîne éducative de coupables qui commence au
sommet et se termine à la base, du
ministre à l`enseignant.
Quels
sont les supports biologiques de l`apprentissage développé dans la
première partie, la didactique des disciplines ?
Source: Le système éducatif au banc des accusés ! « Les professeurs
ne comprennent pas que leurs élèves ne comprennent pas », Mohamed Kochkar,
2014, pp. 59-62 (Pour ceux ou celles qui souhaitent bénéficier d’une copie
électronique, il suffit d’envoyer son mail).
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