Livre : Plaidoyer pour un islam moderne (عيال الله), Mohamed Talbi, Cérès, Tunis, Desclée de Brouwer, Paris, 1998,
200 pages.
Page 109-110:
Question: Vous parlez des
influences étrangères comme de « projections intruses ».
Ne peuvent-elles pas être
progressivement assimilées au cours d’un cheminement vers la
sécularisation de la société (عَلْمَنَةُ المجتمع) ?
Réponse: Le problème est que
la sécularisation n’a aucune racine dans notre passé. La démarche ne peut donc
être que totalement nouvelle. Je ne suis pas contre une réflexion qui
essaierait d’asseoir une forme de société fondée sur l’égalité totale de tous
les citoyens, qui ne partagent pas tous les mêmes convictions religieuses. Je
crois d’ailleurs qu’il y aura dans l’avenir de moins en moins de pays
mono-confessionnels. Nous allons vers un pluralisme universel qu’il nous faut
penser et que l’on doit apprendre à gérer. Je n’ai personnellement rien contre
la laïcité, à condition qu’elle ne soit une idéologie antireligieuse.
Pour que cela soit accepté
chez nous, il faut expliquer aux gens ce qu’elle est, et désamorcer pour ce
faire la notion de laïcisme, qui a souvent été perçu comme un moyen sournois de
désislamiser les musulmans. Malheureusement, c’est parfois le cas, comme dans
l’URSS stalinienne. Il faut dire aux gens qu’on peut vivre ensemble, chacun
selon son éthique et en tenant compte du fait qu’il existe une éthique commune
dans les notions d’égalité, de fraternité, de bien et de mal, chacun incarnant
ces notions à sa façon.
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