Article
inspiré et accompagné d’extraits du livre L’Islam de chair et de sang, sur
l’amour, le sexe et la viande, Malek Chebel. Editions J’ai lu, Diffusion
Flammarion. Paris, 2012, 77 pages.
Préambule reproduisant
un extrait de Malek Chebel publié sur la page de couverture de son livre :
Dans le contexte
d’une troisième mondialisation, qui n’est pas une occidentalisation. La laïcité
n’est pas une « exception
française ». Elle n’est pas plus un « pur concept »
intemporel. Il existe des laïcités dans
le monde qui résultent de processus historiques divers, de fondements
philosophiques pluriels et qui correspondent à des réalités sociales,
culturelles et politiques elles-mêmes variées. Cela ne signifie nullement que
ces laïcités soient équivalentes mais implique, dans chaque situation, qu’un
seuil minimal de laïcité ait été franchi. (Fin de l’extrait).
1.
Quelques
définitions de la Laïcité extraites
du même livre, pages 3, 4, 5, 6, 16 :
-
« l’étymologie
de « laïcité » provient du nom grec laos, le peuple
distinct des clercs. Ensuite, ce propos se relie à deux idées centrales en la
matière, articulées par la théorie du contrat : le principe de
souveraineté dans et par le droit ; l’idée de l’individu titulaire de droits. ».
-
« laïc
désigne un adepte d’une religion qui n’est pas un clerc, laïque un partisan
actif du principe de laïcité. ».
تعليق
المؤلف محمد كشكار: "اللائكي هو كل مَن اعتنق دينًا ولم يكن رجلَ دينِ". حسب تعريف مالك
شبل للائكية يصبحُ كل المسلمينَ لائكيينَ لأن لا كهانة في الإسلام.
-
« Un processus de laïcisation
émerge quand l’Etat ne se trouve plus légitimé par une religion ou une famille
de pensée particulière et quand l’ensemble des citoyens peuvent délibérer
pacifiquement, en égalité de droits et de dignité, pour exercer leur
souveraineté dans l’exercice du pouvoir politique. ».
-
« La laïcité
n’est l’apanage d’aucune culture, d’aucune nation, d’aucun continent. Elle peut
exister dans des conjonctures où le terme n’a pas été traditionnellement
utilisé. ».
-
« l’Etat laïque,
neutre entre tous les cultes, indépendant de tous les clergés, dégagé de toute
conception théologique. ».
-
« les
éléments constitutifs de la laïcité : la neutralité de l’Etat,
l’indépendance du politique et des institutions publiques par rapport aux
normes religieuses, la liberté de conscience et de religion, l’égalité des
individus porteurs de convictions différentes. ».
-
« il est donc
possible d’étudier différentes laïcités
existant sur notre planète en se montrant attentif aux processus historiques de
laïcisation qui les ont constituées, aux
fondements philosophiques qui les ont légitimées et à leur réalité sociale et
politique, privilégiant soit la neutralité, soit la séparation, soit la liberté
de conscience, soit la non-discrimination. Ces laïcités ne
sont pas équivalentes et il est possible de les évaluer par rapport à ces
quatre indicateurs. Cela implique néanmoins qu’un seuil minimal de laïcité a été franchi. ».
Comparaison entre la Laïcité
du Coran et celle du Christianisme:
1. Les
fondements philosophiques opposés à la pré-laïcité
dans le christianisme :
-
Absence
de liberté de croyance : les chrétiens ne reconnaissent pas, ni le
prophète Mohamed (Qu'Allah le bénisse et le salue) comme messager de Dieu, ni l’islam comme religion monothéiste et ne tolèrent pas les
musulmans.
-
Existence
d’un clergé envahissant qui monopolise la religion et interdit le
questionnement du texte sacré (l’ijtihad en islam) et c’est pourquoi d’ailleurs
le protestantisme est apparu au XVIe siècle. Et ce n’est pas par hasard
- je pense - que ce dernier présente plusieurs points communs avec la
philosophie du Coran comme la relation transcendantale et directe entre le
créateur et sa créature, l’interdiction des indulgences,
صكوك الغفران الممنوحة من عند البابا
Et le mariage des
religieux, etc.
-
L’individu
chrétien est prosélyte par nature, il confesse et diffuse un message de
conversion au christianisme.
2. Les
fondements philosophiques favorisant la pré-laïcité
dans le Coran :
-
Je
rappelle la deuxième définition citée ci-haut qui dit : « laïc
désigne un adepte d’une religion qui n’est pas un clerc, laïque un partisan
actif du principe de laïcité » et je vois que tout musulman
est un adepte d’une religion, l’islam, mais il n’est pas un clerc car en islam
il n’y a pas de clergé donc par définition tout musulman est laïque.
-
Le Coran
a institutionnalisé la liberté de croyance de l’individu depuis 15
siècles :
"من شاء فليؤمن
ومن شاء فليكفر"
"لكم دينكم ولي دين"
-
La laïcité nécessite la neutralité de l’Etat et le
Coran est passé encore plus loin et a creusé plus profond en institutionnalisant
la neutralité de l’individu, quel que soit cet individu, même le prophète
Mohamed lui-même:
لَن تهدي مَن أحببت، إن الله يهدي مَن يشاء
-
Absence de clergé dans le Coran.
-
La relation entre Allah et l’Homme est transcendantale et aucun intermédiaire entre le créateur et sa
créature n’est permis ou toléré même le prophète Mohamed lui-même.
-
Le Coran
a institutionnalisé la pré-laïcité au sein même de la famille
multiconfessionnelle en permettant à l’homme musulman de se marier d’une femme
juive ou chrétienne et de l’élire comme
mère pour ses enfants potentiels. Le mari, non seulement, n’a pas le droit
d’obliger son épouse à se convertir et
changer sa religion, mais il est moralement obligé de l’accompagner à la messe
du dimanche et de l’attendre devant l’église. Quel humanisme ! Quelle
bonté ! Quelle tolérance ! Quelle neutralité ! Quelle
modestie ! Quelle humilité ! Quelle
laïcité précoce !
Remarque désobligeante pour certains de mes compatriotes
« musulmans »:
Je pense que la plupart des « musulmans » d’aujourd’hui
ont bafoué les principaux principes du Coran garantissant l’indépendance, la
liberté et la neutralité religieuse de
l’individu musulman.
Je pense aussi que malheureusement la charia a institutionnalisé
ces mal-interprétations humaines du texte coranique et a claqué la porte devant
les nouvelles équipes multidisciplinaires et interdisciplinaires d’oulémas
scientifiques non traditionnels, les nouveaux moujtahidines (Ijtihad) ou
nouveaux moujahidines (Jihad, dans son acception du dépassement de soi et non le
prosélytisme guerrier). Elle nous a privés de l’apport
potentiel scientifique positif et bénéfique des sciences dans l’exégèse, le questionnement,
l’interprétation et l’herméneutique.
ma signature:
« pour l’auteur, il ne s’agit pas de convaincre par des
arguments ou des faits, mais, plus modestement, d’inviter a essayer autre
chose »
« A
un mauvais discours, on répond par un bon discours et non par la violence NI
VERBALE NI PHYSIQUE »
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