Bourguiba, comme ses
homologues, est un dirigeant fondateur charismatique, qui a eu l`orgueil de
penser qu`il pouvait, en occidentalisant l`État, refaçonner en profondeur la
culture islamique de la société tunisienne, « poussière d`individus »
comme il l`a qualifiée une fois dans l`un de ses discours emphatiques. Il a en
partie échoué, mais il a bel et bien réussi cette fois à inoculer dans la société
tunisienne le virus du mode de vie occidental, sans pour autant éliminer le
fonds de la culture tunisienne indigène. Ce virus n`est pas fatal, mais il se
maintient encore : Le citoyen tunisien contaminé survit mais il n`est plus
pareil.
Les dirigeants
politiques, quelle que soit leur puissance, ne peuvent faire l`histoire, mais
ils ne peuvent lui échapper non plus. Ils ont infecté leurs pays avec une schizophrénie
culturelle qui devient son caractère propre et durable, et la Tunisie est un
cas typique de ce genre de pays déchirés entre deux civilisations antagonistes
et rivales, l`occidentale et l`islamique.
Gilbert Naccache,
écrivain et ancien prisonnier politique
militant de gauche des années soixante : Il n`y pas de « pensée
bourguibienne » : Bourguiba n`a fait que transposer brutalement en
Tunisie des valeurs occidentales qu`il a apprises en France et le greffon a été
rejeté.
Référence: Jai paraphrasé le texte du paragraphe intitulé « Le
virus occidental et la schizophrénie »,
p.
223, Samuel P. Huntington, Le Choc des civilisations,
Éd. Odile Jacob
Ma signature
Pour le
critique, « il ne s’agit pas de convaincre par des arguments ou des faits,
mais, plus modestement, d’inviter à essayer autre chose » Michel Fabre
& Christian Orange, 1997
À un
mauvais discours, on répond par un bon discours et non par la violence, Le
Monde Diplomatique
Date de la première
publication sur le Net
Hammam-Chatt, le 13 janvier
2018.
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