samedi 4 janvier 2020

Un grand éloge du premier calife, Abû Bakr : Partie 1. Un beau portrait peint par Hela Ouardi



Il est ce qu’on appelle une « tête froide » : bien qu’il ait le cœur sensible et la larme facile. Il a une telle force de caractère qu’il arrive à neutraliser ses émotions dès lors qu’il s’agit de raison d’État. Homme patient et lucide, il ne laisse jamais ses passions et ses rancœurs prendre le dessus. Il n’éprouve ni haine ni jalousie ; ses tourments lui viennent de sa conscience très vive qui le taraude parfois. Il est extrêmement conscient de sa responsabilité à l’égard de toute la communauté. (p. 163)

Grâce à son intelligence, à son sérieux et sa droiture, le jeune était devenu un commerçant prospère ; il était détaillant en tissus (bazzaz). Ses talents de commerçant étaient doublés d’une mémoire phénoménale qui lui avait permis de devenir généalogiste (nassab) hors pair – et l’on sait à quel point la généalogie est considérée par les Arabes comme une science capitale. Il se montrait également très doué pour l’interprétation des rêves, don qu’il devait à la faveur de sa proximité avec le Prophète.
Tout le monde à la Mecque connaissait et appréciait le beau Abi Quhafa dont le visage fin et le teint blanc lui avaient valu le sobriquet de Atiq (atiq au sens d’affranchi, c’est le Prophète qui lui aurait donné ce surnom parce qu’il serait affranchi du feu de l’enfer). Son caractère discret, peu loquace et sobre, aux confins de l’austérité, l’entrainait à mépriser même les fioritures de langue auxquelles la veine poétique des Arabes est si sensible. On dit qu’il n’a pas composé un seul vers de toute sa vie. (pp. 191 & 192)

On raconte que bien avant sa conversion, Abû  Bakr s’abstenait déjà de boire la moindre goutte de vin ; il s’en expliquait en disant que l’ivresse fait perdre à l’homme sa dignité (…) Abû  Bakr était devenu l’alter ego (un autre moi-même) du Prophète. (…) lors de la fameuse bataille de Badr, il s’était même battu contre son propre fils qui n’était pas encore converti. Évoquant plus tard cette bataille mémorable, le père et le fils devaient avoir une discussion troublante que nous rapporte Suyuti : « Ce jour-là, dit Abd al-Rahman à son père, je me suis approché de toi, puis je  me suis éloigné car j’avais décidé de ne pas te tuer. » Et Abû  Bakr de répondre à son fils : « Moi par contre, si je m’étais approché de toi, je ne t’aurai pas raté! » C’est dire comme Abû  Bakr était prêt à sacrifier son propre fils pour la gloire de l’islam. (…) Abû  Bakr, le « père de la pucelle », car Aisha est la seule vierge que le Prophète aura épousée. (...) La main de fer du premier calife, Abû Bakr, armée du «sabre dégainé d’Allah», Khâlid, a frappé si violemment à la porte de l’histoire quelle s’est ouverte en grand devant l’islam : les musulmans vont se rendre maîtres du monde. (pp. 195-198)

Dans son rapport aux femmes, il a été d’une grande discrétion. Sa vie privée a plutôt été rangée et Abû  Bakr n’a pas vécu de passion amoureuse : il n’a connu « que » quatre femmes qu’il a fréquentées dans le cadre régulier du mariage. (p. 199)

Biblio : Hela Ouardi, « Les Califes maudits * * À l’ombre des sabres », Première édition, Éditions Albin Michel, 2019, 186 pages.

Date de la première publication sur mon compte FB : Hammam-Chatt, samedi  4 janvier 2020.

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