Le
cerveau de la femme n’est ni inférieur, ni identique à celui de l’homme.
Citoyen du Monde Dr Mohamed KOCHKAR.
Le cerveau de la femme n’est ni
inférieur, ni identique à celui de l’homme.
Je commence l’article par une
enquête que j’ai effectuée, en 2000, sur
un échantillon composé de 275 personnes (étudiants et enseignants). Dans l’un des sujets de cette enquête, je suis
arrivé au résultat suivant : 33 % des personnes interrogées affirment que
le cerveau de l’homme est plus lourd que celui de la femme.
Les origines de ces conceptions non
scientifiques et idéologiques pourraient venir des travaux de Broca et il se
pourrait que les biologistes qui n’ont pas étudié l’épistémologie et l’histoire
des sciences ne soient pas au courant des corrections de Gould.
En 1861, Paul Broca, éminent
neurobiologiste français et chef de file de la craniologie, mesure le poids des
cerveaux d’hommes et de femmes. Etant donné que les cerveaux des femmes étaient
nettement moins lourds que ceux des hommes, Broca mit en relation cette
« infériorité physique » avec ce qui était admis à cette
époque : « l’infériorité intellectuelle » des femmes. Cent vingt
ans après, Stephen Jay Gould, paléontologiste américain, a re-analysé les
mesures originales de Broca et montré que les différences de poids de ces
cerveaux étaient d’abord liées à la taille des individus, puis à leur âge, puis
à la présence ou absence de méninges, etc. : le paramètre sexe
n’intervient pas !
Dans un ouvrage scientifique,
« La mal mesure », Gould, 1983, a écrit :
« Sur un total de 292 cerveaux masculins, Broca calcula que le poids
moyen s’établissait à 1325 grammes et sur 140 cerveaux féminins à 1144 grammes,
soit une différence de 181 grammes ou 14 %. Stephen Jay Gould a mis en évidence
la fragilité des conclusions de Broca : le poids du cerveau diminue avec
l’âge et les femmes de Broca étaient, en moyenne, nettement plus âgées que ses
hommes. Le cerveau grossit proportionnellement à la taille et ses hommes
avaient en moyenne presque 15 centimètres de plus que ses femmes. La différence
moyenne entre le poids du cerveau d’un homme de 1.62 m et un de 1.93 m est égal à 113
grammes dans les données de Broca. Personne ne songe à considérer les hommes
grands plus intelligents que les petits. » Et personne ne songe à
considérer le cachalot, mammifère marin, plus intelligent que l’homme parce
qu’il a un cerveau de 10 kilogrammes.
Par ailleurs, d’autres travaux
ont prouvé que, dans l’espèce humaine, il n’existe aucune relation entre le
poids du cerveau et l’intelligence ou toute autre performance intellectuelle
(Vidal, 2001). Mais plus d’un siècle de croyances craniologiques a marqué des
générations d’enseignants et d’élèves, et s’est inscrit dans notre langage
quotidien (« grosses têtes, petites têtes », « cerveaux
d’oiseaux », etc.). Il n’est pas si facile de s’en sortir, et de faire
passer le message que les performances cérébrales résultent des processus
d’épigenèse au cours desquels se configurent et reconfigurent nos réseaux
neuronaux (un réseau neuronal est un ensemble de neurones du système nerveux,
qui ayant des données différentes, peut les combiner pour en déduire un état
précis, par exemple, savoir de quelle force est la pression exercée sur la
main, sa localisation) en interaction avec les expériences vécues.
Supposons que deux bébés vrais
jumeaux abandonnés sont adoptés par deux familles différentes, l’un devient
médecin et l’autre ingénieur. Si nous analyserons leurs cerveaux par imagerie
médicale, on trouvera des réseaux neuronaux différents malgré leur similitude
totale en poids, volume et nombre de neurones. Donc, c’est tout à fait normal
qu'elles existent ces différences entre les cerveaux des hommes et ceux des femmes
au niveau de la configuration des réseaux neuronaux. On sait maintenant que le
cerveau influe sur le comportement et le comportement influe sur le cerveau.
Donc les deux sont en interaction. Et on sait aussi que les hommes et les femmes
n’ont pas le même comportement et ne vivent pas dans le même environnement.
Les réseaux neuronaux du cerveau forment le support
biologique des différences entre les opinions des hommes et des femmes. La
maturation du cerveau dépend des interactions entre l’inné et l’acquis. Un
singe n’atteindra jamais l’intelligence d’un homme même s’il vit dans le même
environnement car tout simplement il n’a pas hérité un cerveau humain.
Le nombre de
réseaux neuronaux n’augmente pas proportionnellement au poids du cerveau. Et
d’ailleurs, le petit cerveau d’un oiseau, avec ses réseaux complexes, est
capable de réaliser des performances formidables
comme par exemple sa performance intellectuelle supérieure « chanter ».
En
conclusion :
Le cerveau de la
femme n’est ni inférieur ni identique à
celui de l’homme. Les opinions non scientifiques sont très résistantes et il
semble qu’on ne puisse les changer seulement grâce à l’acquisition des
connaissances exactes. Bien que l’information correcte (Le poids du cerveau
n’a aucun rapport avec l’intelligence, mais il varie en fonction du poids du
corps) existe dans le manuel scolaire officiel du bac page 156,
enseignants et élèves persistent à croire que l’homme est plus intelligent que
la femme car son cerveau est plus grand.
Je termine toujours mes articles
par poser une problématique : Comment peut-on changer ces opinions sexistes qui favorisent les hommes
aux dépens des femmes selon le volume de leur crâne et le poids de leur
cerveau?
ma signature:
« pour l’auteur, il ne s’agit pas de convaincre par des
arguments ou des faits, mais, plus modestement, d’inviter a essayer autre
chose »
« A
un mauvais discours, on répond par un bon discours et non par la violence NI VERBALE NI PHYSIQUE ».
date de la première publication
sur le net :
hammam-chatt ; le 27 novembre 2008.
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