La religion
islamique : a-t-elle intérêt à s’allier ou appuyer des gouvernements de la
terre dans les pays islamiques ? Le cas de la Tunisie et de l’Egypte.
Citoyen du Monde Dr Mohamed Kochkar
En Tunisie et en Egypte, la société peut demeurer religieuse telle
qu’elle l’a été depuis 15 siècles et telle qu’elle l’est maintenant, mais
l’état moderne islamique - dans le sens civilisationnel du terme - doit,
nécessairement, être laïque (ou populaire car laos veut dire peuple).
Si la religion islamique appuie ou s’allie aux gouvernements de la
terre dans les pays islamiques, elle partagerait le discrédit éventuel
que pourrait être subi par ces gouvernements temporels.
Je sais que la religion islamique peut ajouter à cette influence
qui lui est propre la puissance artificielle et temporaire des lois de la
charia et l’appui inconditionné des pouvoirs matériels qui dirigent la société
islamique. On a vu dans l’histoire, ancienne et contemporaine, de la
civilisation musulmane, des ulémas ou fakihs unis aux gouvernements de la terre
(Exemples : les Mutazilites de Maamoun, les Quadirites de son successeur,
Ibn taymya, Gazhali , Tourabi au Soudan, Gazhali en Algérie, Karadhaoui au
Quatar, Taliban en Afghanistan, Hezbollah au Liban, chiites en Irak, les
ayatollahs en Iran - les docteurs iraniens en théologie musulmane -, les frères
musulmans en Egypte, la Nahda en Tunisie, etc.), dominer en même temps les
citoyens musulmans et non musulmans par la terreur et par la foi ; mais
lorsque la religion islamique contracte une semblable alliance diabolique, en
tant que musulman, je ne crains pas de le dire, elle agit comme pourrait le
faire un homme : elle sacrifie son avenir en vue de son présent, et en
obtenant une puissance qui ne lui est point due, elle expose son légitime
pouvoir spirituel aux attaques des opposants autochtones et étrangers.
Il me paraît que la religion islamique n’a point besoin de l’appui
d’un pouvoir temporel particulier, quelle que soit son poids matériel, pour se
propager pacifiquement à travers le monde entier : l’exemple de la
conversion volontaire de millions de musulmans occidentaux et le cas
historique atypique de l’islamisation pacifique de l’Indonésie (le pays
musulman, le plus peuplé de citoyens musulmans au monde, presque 200 millions
d'individus indonésiens), grâce au prosélytisme des commerçants
musulmans, sans aucune participation des fanatiques d’Allah ou jihadistes
armés, en sont des preuves intangibles.
J’ai paraphrasé et adapté, à notre situation socio-politique
arabo-musulmane, le texte sur l'église catholique du Guy Haarscher dans son
livre « La laïcité », 2010, page 105.
Date de la première publication sur le net
Tabarka, le 15 janvier 2013.
,
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire