Une comparaison non
exhaustive mais minutieuse et détaillée de la situation de la laïcité en
Tunisie et dans les pays occidentaux supposés laïques. Partie 2. Citoyen du
Monde Dr Mohamed Kochkar
La
laïcité, Guy Haarscher, Editions puf, collection « que sais-je »,
Mayenne, 2010, 128 pages.
I.
La situation de la laïcité : la religion comme
élément de l’identité nationale face à un ennemi extérieur : page 69
En Irlande et en Grèce, la religion a constitué le
ciment de l’identité nationale face à un ennemi « impérialiste » (le
catholicisme irlandais contre la Grande Bretagne protestante ; la religion
orthodoxe grecque contre l’islam et la Turquie).
1.
La situation de la laïcité en Irlande : page 69
-
Texte du Guy Haarscher :
Et, finalement, la constitution de 1937 instaura le
caractère catholique de la nation irlandaise, sans que l’église devienne une
église d’état… l’église assure des fonctions de service public, notamment en
matière d’enseignement… l’église est toujours omniprésente en matière de morale
familiale et sexuelle : en 184, un référendum a rendu constitutionnelle
l’interdiction de l’avortement… en 1986, un référendum a maintenu
l’interdiction du divorce. Un référendum de 1995 a levé cet interdit (le
résultat fut très serré).
- Mon commentaire:
Les irlandais possèdent une souplesse religieuse, ils
soumettent les interdits religieux aux référendums et à la volonté du peuple.
Ils appliquent la démocratie directe en matière de législation morale.
2.
La situation de la laïcité en Grèce : page 70
-
Texte du Guy Haarscher :
La religion orthodoxe a toujours été vécue comme
rempart contre deux adversaires : l’islam (et les Turcs), à l’est ;
le catholicisme, habsbourgeois en particulier, à l’ouest. L’orthodoxie,
s’identifiant à la nation même, a été la plupart du temps, soumise à l’autorité
politique, tout en se l’annexant d’un point de vue idéologique. On ne trouve
pas dans les pays de tradition orthodoxe cette opposition potentielle entre
l’église et le pouvoir, toujours présente - pour le meilleur et pour le pire -
en pays de tradition catholique.
« Après la chute de Constantinople, l’église
orthodoxe fut la seule institution qui survécut dans l’empire ottoman et qui
joua un rôle important (pas seulement religieux) pour les chrétiens conquis.
Cela explique que le peuple grec, parfois traditionaliste, souhaite que les
deux institutions maintiennent un lien même superficiel. »
(…) des Grecs se définissent à la fois comme athées et
orthodoxes, ce qui indique que la religion joue pour eux un rôle culturel et
historique, indépendamment des questions de foi.
(…) la question ne consiste pas à critiquer la
religion devenue lien culturel et mémoire partagée : il s’agit bien plutôt
de dénoncer une politisation de la religion, ce qui est tout autre chose. Que
dans la société, des individus se rassemblent librement au nom des valeurs
qu’ils ne désirent nullement imposer aux autres, c’est le signe d’une richesse
de diversité si, en même temps, non totalement prisonniers de cette loyauté
particulière, ils se reconnaissent comme membres de l’état dont ils sont
citoyens, avec ceux qui ont une mémoire et des repères différents, et, au-delà,
se pensent comme « citoyens du monde» (en affirmant le respect des
droits fondamentaux).
(…) Toutes les constitutions grecques ont reconnu
l’église orthodoxe comme « religion dominante » et
« prépondérante » de l’état grec. La constitution de 1975 (révisée en
1986) fut promulguée au nom da la « Sainte Trinité, consubstantielle et
indivisible ». L’église forme un département du ministère de l’éducation
nationale et des religions. Elle possède le statut de personne morale de droit
public. Mais la liberté religieuse est reconnue, quoique le prosélytisme soit
interdit et réprimé, « car on considère tout effort de propager des idées
non orthodoxes (de « nouveaux mouvements religieux ») comme
extrêmement dangereux pour la tradition orthodoxe du pays. Grâce à l’état…,
l’église prend des mesures contre les idées qu’elle considère comme hérétiques…
Ce droit au quasi-monopole est vu par d’autres groupes religieux comme une
atteinte à la liberté de croyance et une discrimination à l’égard de certains
citoyens grecs. C’est pourquoi le Grèce est souvent citée devant diverses
organisations internationales pour non-respect de la liberté religieuse ».
L’état grec a notamment été condamné par la Cour
européenne des droits de l’homme parce qu’il avait emprisonné un témoin de
Jéhovah pour « prosélytisme ». Ce n’était malheureusement pas la
première fois.
Fin :
Problématique
Peut-on
impunément ramener la laïcité à une composante idéologique de la société alors
qu’elle devrait en constituer le fondement même?
Ma signature
-
« Pour l’auteur, il ne s’agit pas de
convaincre par des arguments ou des faits, mais, plus modestement, d’inviter à
essayer autre chose » Orange
-
« À un
mauvais discours, on répond par un bon discours et non par la violence »
Le Monde diplomatique
Date
de la première rediffusion sur mes pages fb: Hammam-Chatt, le 20 janvier 2013.
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