L’Iran, un état
républicain ou un état religieux ? Mohsen Kadivar
Biblio :
La Pensée Islamique Contemporaine, A. Roussillon, Cérès éditions, 2007, Tunis,
182 pages.
Page 128-129 :
Mohsen Kadivar, déjà
évoqué, est le représentant le plus en vue d’un courant que l’on pourrait
désigner, avec Farhat Khosrokhavar, comme un « néo-réformiste », qui
conduit sa critique à l’intérieur du champ religieux. Celle-ci est le fait de
clercs « autorisés », issus des instances religieuses officielles, et
c’est le fonctionnement et la logique mêmes de la construction politique et
institutionnelle héritée de la révolution islamique qu’ils remettent en
question. Le principal ressort de l’argumentation mise en œuvre par M. Kadivar
consiste ainsi à mettre en évidence l’irréductible contradiction qui affecte le
système politique iranien, pris entre l’affirmation de son caractère
républicain - ce qui implique, à tout de moins, une forme de contrôle populaire
- et le dogme de la Welaya-e- faquih, le gouvernement du clerc, qui
réserve à un individu ou à un groupe d’individus le contrôle de la légitimité :
« Ces deux types
de gouvernement, écrit-il, si leurs principes doivent s’appliquer dans la
réalité et pas seulement en théorie, sont incompatibles et contradictoires. Ou bien
il nous faut croire en la guidance religieuses d’un clerc appointé par Dieu et exerçant
une tutelle absolue sur le peuple, ou bien nous croyons en l’élection des
dirigeants en tant que représentants du peuple. Ces deux options ne peuvent pas
être conciliées » (Cité par Vahdat Farzin, n. d.).
Contre la prétention
des clercs de se faire les instruments d’une « souveraineté divine
immédiate », ce qui équivaudrait à leur reconnaître le statut de « Califes
de Dieu sur la terre, vice-régents du Prophète ou de l’Imam et de gardiens des
musulmans », il oppose la notion d’une « souveraineté divine
démocratique » :
« Dieu a délégué
la direction politique de la communauté musulmane à ses membres eux-mêmes, de
telle sorte qu’ils puissent exercer leur souveraineté dans le cadre des lois
islamiques. Cette souveraineté sur eux-mêmes leur a été déléguée par Dieu et
personne n’a le droit de leur contester ce « droit divin ». Les gens
élisent leurs dirigeants parmi les candidats qualifiés, de sorte que, dans le
cadre d’une constitution compatible avec la religion, ils servent le public sur
la base d’un contrat ou d’une représentation (wekala). Puisque, dans ce système
le fondement ultime de la légitimité est Dieu, et puisque la communauté exerce
un droit conféré par Dieu et n’exerce sa souveraineté que dans les limites
imparties par la religion, il s’agit bien de souveraineté divine. Mais, puisque
ses membres sont en position d’exercer une médiation entre Dieu et le gouvernement,
ce qui engage un élément démocratique, il s’agit là d’une « souveraineté
divine démocratique » (Cité par Fahdat Farzin, n.).
Date de la première
rediffusion sur mon blog et mes deux pages facebook, C. M. Dr. M. K. :
Hammam-Chatt, samedi 21 septembre 2013.
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