samedi 21 septembre 2013

L’Iran, un état républicain ou un état religieux ? Mohsen Kadivar

L’Iran, un état républicain ou un état religieux ? Mohsen Kadivar

Biblio : La Pensée Islamique Contemporaine, A. Roussillon, Cérès éditions, 2007, Tunis, 182 pages.

Page 128-129 :
Mohsen Kadivar, déjà évoqué, est le représentant le plus en vue d’un courant que l’on pourrait désigner, avec Farhat Khosrokhavar, comme un « néo-réformiste », qui conduit sa critique à l’intérieur du champ religieux. Celle-ci est le fait de clercs « autorisés », issus des instances religieuses officielles, et c’est le fonctionnement et la logique mêmes de la construction politique et institutionnelle héritée de la révolution islamique qu’ils remettent en question. Le principal ressort de l’argumentation mise en œuvre par M. Kadivar consiste ainsi à mettre en évidence l’irréductible contradiction qui affecte le système politique iranien, pris entre l’affirmation de son caractère républicain - ce qui implique, à tout de moins, une forme de contrôle populaire - et le dogme de la Welaya-e- faquih, le gouvernement du clerc, qui réserve à un individu ou à un groupe d’individus le contrôle de la légitimité :

« Ces deux types de gouvernement, écrit-il, si leurs principes doivent s’appliquer dans la réalité et pas seulement en théorie, sont incompatibles et contradictoires. Ou bien il nous faut croire en la guidance religieuses d’un clerc appointé par Dieu et exerçant une tutelle absolue sur le peuple, ou bien nous croyons en l’élection des dirigeants en tant que représentants du peuple. Ces deux options ne peuvent pas être conciliées » (Cité par Vahdat Farzin, n. d.).

Contre la prétention des clercs de se faire les instruments d’une « souveraineté divine immédiate », ce qui équivaudrait à leur reconnaître le statut de « Califes de Dieu sur la terre, vice-régents du Prophète ou de l’Imam et de gardiens des musulmans », il oppose la notion d’une « souveraineté divine démocratique » :

« Dieu a délégué la direction politique de la communauté musulmane à ses membres eux-mêmes, de telle sorte qu’ils puissent exercer leur souveraineté dans le cadre des lois islamiques. Cette souveraineté sur eux-mêmes leur a été déléguée par Dieu et personne n’a le droit de leur contester ce « droit divin ». Les gens élisent leurs dirigeants parmi les candidats qualifiés, de sorte que, dans le cadre d’une constitution compatible avec la religion, ils servent le public sur la base d’un contrat ou d’une représentation (wekala). Puisque, dans ce système le fondement ultime de la légitimité est Dieu, et puisque la communauté exerce un droit conféré par Dieu et n’exerce sa souveraineté que dans les limites imparties par la religion, il s’agit bien de souveraineté divine. Mais, puisque ses membres sont en position d’exercer une médiation entre Dieu et le gouvernement, ce qui engage un élément démocratique, il s’agit là d’une « souveraineté divine démocratique » (Cité par Fahdat Farzin, n.).

Date de la première rediffusion sur mon blog et mes deux pages facebook, C. M. Dr. M. K. : Hammam-Chatt, samedi 21 septembre 2013.




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