Tunisie : 200 salafistes arrêtés après des heurts meurtriers avec la police
M - Afrique
Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 19.05.2013 à 06h09 • Mis à jour le 20.05.2013 à 13h45
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Les autorités tunisiennes redoutaient le pire après la décision du gouvernement d'interdire le congrès du mouvement salafiste Ansar al-charia ("les Partisans de la charia") prévu pour dimanche à Kairouan et la volonté de ce dernier de le maintenir. Des affrontements ont effectivement éclaté dimanche 19 mai à la mi-journée entre policiers et salafistes à la cité Ettadhamen, dans la banlieue ouest de Tunis, où le groupe a appelé ses militants à se réunir faute de pouvoir se rendre à Kairouan (150 kilomètres au sud de Tunis)
Selon l'AFP, deux personnes ont été tuées en marge des heurts avec la police. La première victime, Moez Dahmani, 27 ans, n'a pas été identifiée par Ansar al-charia comme l'un de ses militants – le mouvement le décrit comme un "activiste communiste". La mort d'une deuxième personne, confirmée par plusieurs sources concordantes, n'est pas reconnue par le ministère de l'intérieur, qui assure qu'elle n'est liée "ni aux affrontements ni aux salafistes"
Lire le portrait de l'organisation : Ansar al-charia, le djihadisme au défi de la Tunisie (demain, jeudi 30 mai 2013, sur ma page facebook)
DEUX CENTS SALAFISTES PRÉSUMÉS ARRÊTÉS
En outre, trois manifestants et quinze policiers ont été blessés, dont trois grièvement, a annoncé le ministère de l'intérieur, qui a évoqué "plus de sept cents (...) islamistes extrémistes" équipés "de mélanges incendiaires, de projectiles et d'armes blanches". Malgré des affrontements sporadiques dans les banlieues de Tunis, la police semblait avait repris le contrôle de ces quartiers, dimanche soir
Lundi, le premier ministre tunisien, Ali Larayedh, a indiqué de quelque deux cents salafistes présumés avaient été arrêtés par la police au cours des heurts, promettant une "extrême fermeté" à l'encontre de ce groupe "terroriste". Parmi eux figure le porte-parole d'Ansar al-charia, Seifeddine Raïs, selon son organisation et une source sécuritaire
BARRICADES ET COCKTAILS MOLOTOV
Le gouvernement tunisien, qui a reconnu début mai la présence de groupes armés d'Al-Qaida sur son territoire, a décidé vendredi d'interdire le rassemblement annuel d'Ansar al-charia "en raison d'une violation de la loi et de la menace qu'il représente pour la sécurité et l'ordre publics", a indiqué le ministère de l'intérieur. Le premier ministre a estimé que le mouvement salafiste est "impliqué dans le terrorisme". "Ansar al-charia est une organisation illégale qui défie et provoque l'autorité de l'Etat", a-t-il ajouté à la télévision d'Etat dimanche soir
Lire : Tunisie : le congrès des salafistes d'Ansar al-charia interdit
Pour protester contre l'interdiction de leur rassemblement, des centaines de salafistes ont érigé à la mi-journée des barricades à l'aide de pneus en feu dans les rues du quartier Ettadhamen de Tunis, et jeté des pierres sur les policiers. La police a répliqué avec des tirs de sommation et de lacrymogènes puis déployé des blindés et des bulldozers pour disperser les militants et détruire les barricades
Les émeutiers se sont repliés vers le quartier voisin d'Intilaka, où les heurts continuaient dans l'après-midi. Les forces de l'ordre n'ont pas réussi à prendre le contrôle de cette banlieue populaire et répliquaient par des salves de gaz lacrymogènes aux cocktails incendiaires jetés par les manifestants, certains d'entre eux disposant également d'armes blanches
APPELS À LA RETENUE
Faisant fi de la décision du gouvernement, le mouvement, qui a menacé les autorités d'une "guerre" la semaine dernière, a toutefois décidé de maintenir son congrès : les 40 000 militants que revendique le groupe étaient appelés à se réunir quand même dimanche devant la grande mosquée de Kairouan, le centre spirituel et religieux de la Tunisie, après la prière de l'après-midi. Inquiet de "la gravité de la situation sécuritaire", le mouvement a fini par demander à ses partisans éloignés d'annuler leur venue.
Un impressionnant dispositif policier et militaire barrait en effet toutes les routes menant à la ville. Les forces de sécurité étaient également déployées dans d'autres villes du pays, notamment à Tunis, où les patrouilles se sont multipliées depuis vendredi soir dans les quartiers considérés comme des bastions d'Ansar al-charia
Samedi, un appel à la retenue a également été diffusé par Abou Yahia Al-Shanqiti, membre du comité d'al-charia d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), à l'adresse des militants salafistes tunisiens. "Ne vous laissez pas provoquer par le régime et son barbarisme pour commettre des actes imprudents qui pourraient affecter le soutien populaire dont vous bénéficiez", a-t-il déclaré, cité par le centre américain de surveillance de sites islamistes SITE. Le chef d'AQMI a loué la mouvance salafiste djihadiste en Tunisie, l'appelant à "continuer ses bonnes actions qui sont en train de porter leurs fruits". "Soyez des gens de sagesse et de patience", a-t-il déclaré à leur adresse
ANSAR AL-CHARIA "NE PEUT ÊTRE VAINCU"
Le chef du mouvement, Saïf Allah Ben Hussein, dit Abou Iyadh, est un vétéran d'Afghanistan ayant combattu avec Al-Qaida. Il est en fuite depuis l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis en septembre, les autorités le considérant comme l'organisateur de cette manifestation qui avait dégénéré en affrontements (quatre morts parmi les assaillants). Dans un enregistrement audio diffusé dimanche soir sur la page Facebook d'Ansar al-charia, présenté comme le discours qu'il aurait dû prononcer lors du congrès de dimanche, il a assuré que les partisans du mouvement ne pouvaient être "vaincus" malgré la "persécution" dont ils sont victimes
La Tunisie a vu, depuis la révolution de 2011, se multiplier les violences orchestrées par la mouvance salafiste. Le pays est aussi déstabilisé par une profonde crise politique et le développement des conflits sociaux face à la misère. Le parti islamiste au pouvoir Ennahda a longtemps été accusé de laxisme pour avoir toléré les groupuscules salafistes djihadistes. Il a cependant considérablement durci sa position après que seize militaires et gendarmes ont été blessés par des mines posées par des groupes armés traqués à la frontière avec l'Algérie. L'état d'urgence, qui donne des pouvoirs accrus à l'armée et aux forces de l'ordre, est en vigueur en Tunisie depuis janvier 2011 et la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali
Lire (édition abonnés) : Tunis craint la radicalisation salafiste
Date de la première rediffusion sur mes trois pages faceboo. C. M. Dr M. K
Hammam-Chatt, le 29 mai 2013
M - Afrique
Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 19.05.2013 à 06h09 • Mis à jour le 20.05.2013 à 13h45
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Les autorités tunisiennes redoutaient le pire après la décision du gouvernement d'interdire le congrès du mouvement salafiste Ansar al-charia ("les Partisans de la charia") prévu pour dimanche à Kairouan et la volonté de ce dernier de le maintenir. Des affrontements ont effectivement éclaté dimanche 19 mai à la mi-journée entre policiers et salafistes à la cité Ettadhamen, dans la banlieue ouest de Tunis, où le groupe a appelé ses militants à se réunir faute de pouvoir se rendre à Kairouan (150 kilomètres au sud de Tunis)
Selon l'AFP, deux personnes ont été tuées en marge des heurts avec la police. La première victime, Moez Dahmani, 27 ans, n'a pas été identifiée par Ansar al-charia comme l'un de ses militants – le mouvement le décrit comme un "activiste communiste". La mort d'une deuxième personne, confirmée par plusieurs sources concordantes, n'est pas reconnue par le ministère de l'intérieur, qui assure qu'elle n'est liée "ni aux affrontements ni aux salafistes"
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DEUX CENTS SALAFISTES PRÉSUMÉS ARRÊTÉS
En outre, trois manifestants et quinze policiers ont été blessés, dont trois grièvement, a annoncé le ministère de l'intérieur, qui a évoqué "plus de sept cents (...) islamistes extrémistes" équipés "de mélanges incendiaires, de projectiles et d'armes blanches". Malgré des affrontements sporadiques dans les banlieues de Tunis, la police semblait avait repris le contrôle de ces quartiers, dimanche soir
Lundi, le premier ministre tunisien, Ali Larayedh, a indiqué de quelque deux cents salafistes présumés avaient été arrêtés par la police au cours des heurts, promettant une "extrême fermeté" à l'encontre de ce groupe "terroriste". Parmi eux figure le porte-parole d'Ansar al-charia, Seifeddine Raïs, selon son organisation et une source sécuritaire
BARRICADES ET COCKTAILS MOLOTOV
Le gouvernement tunisien, qui a reconnu début mai la présence de groupes armés d'Al-Qaida sur son territoire, a décidé vendredi d'interdire le rassemblement annuel d'Ansar al-charia "en raison d'une violation de la loi et de la menace qu'il représente pour la sécurité et l'ordre publics", a indiqué le ministère de l'intérieur. Le premier ministre a estimé que le mouvement salafiste est "impliqué dans le terrorisme". "Ansar al-charia est une organisation illégale qui défie et provoque l'autorité de l'Etat", a-t-il ajouté à la télévision d'Etat dimanche soir
Lire : Tunisie : le congrès des salafistes d'Ansar al-charia interdit
Pour protester contre l'interdiction de leur rassemblement, des centaines de salafistes ont érigé à la mi-journée des barricades à l'aide de pneus en feu dans les rues du quartier Ettadhamen de Tunis, et jeté des pierres sur les policiers. La police a répliqué avec des tirs de sommation et de lacrymogènes puis déployé des blindés et des bulldozers pour disperser les militants et détruire les barricades
Les émeutiers se sont repliés vers le quartier voisin d'Intilaka, où les heurts continuaient dans l'après-midi. Les forces de l'ordre n'ont pas réussi à prendre le contrôle de cette banlieue populaire et répliquaient par des salves de gaz lacrymogènes aux cocktails incendiaires jetés par les manifestants, certains d'entre eux disposant également d'armes blanches
APPELS À LA RETENUE
Faisant fi de la décision du gouvernement, le mouvement, qui a menacé les autorités d'une "guerre" la semaine dernière, a toutefois décidé de maintenir son congrès : les 40 000 militants que revendique le groupe étaient appelés à se réunir quand même dimanche devant la grande mosquée de Kairouan, le centre spirituel et religieux de la Tunisie, après la prière de l'après-midi. Inquiet de "la gravité de la situation sécuritaire", le mouvement a fini par demander à ses partisans éloignés d'annuler leur venue.
Un impressionnant dispositif policier et militaire barrait en effet toutes les routes menant à la ville. Les forces de sécurité étaient également déployées dans d'autres villes du pays, notamment à Tunis, où les patrouilles se sont multipliées depuis vendredi soir dans les quartiers considérés comme des bastions d'Ansar al-charia
Samedi, un appel à la retenue a également été diffusé par Abou Yahia Al-Shanqiti, membre du comité d'al-charia d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), à l'adresse des militants salafistes tunisiens. "Ne vous laissez pas provoquer par le régime et son barbarisme pour commettre des actes imprudents qui pourraient affecter le soutien populaire dont vous bénéficiez", a-t-il déclaré, cité par le centre américain de surveillance de sites islamistes SITE. Le chef d'AQMI a loué la mouvance salafiste djihadiste en Tunisie, l'appelant à "continuer ses bonnes actions qui sont en train de porter leurs fruits". "Soyez des gens de sagesse et de patience", a-t-il déclaré à leur adresse
ANSAR AL-CHARIA "NE PEUT ÊTRE VAINCU"
Le chef du mouvement, Saïf Allah Ben Hussein, dit Abou Iyadh, est un vétéran d'Afghanistan ayant combattu avec Al-Qaida. Il est en fuite depuis l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis en septembre, les autorités le considérant comme l'organisateur de cette manifestation qui avait dégénéré en affrontements (quatre morts parmi les assaillants). Dans un enregistrement audio diffusé dimanche soir sur la page Facebook d'Ansar al-charia, présenté comme le discours qu'il aurait dû prononcer lors du congrès de dimanche, il a assuré que les partisans du mouvement ne pouvaient être "vaincus" malgré la "persécution" dont ils sont victimes
La Tunisie a vu, depuis la révolution de 2011, se multiplier les violences orchestrées par la mouvance salafiste. Le pays est aussi déstabilisé par une profonde crise politique et le développement des conflits sociaux face à la misère. Le parti islamiste au pouvoir Ennahda a longtemps été accusé de laxisme pour avoir toléré les groupuscules salafistes djihadistes. Il a cependant considérablement durci sa position après que seize militaires et gendarmes ont été blessés par des mines posées par des groupes armés traqués à la frontière avec l'Algérie. L'état d'urgence, qui donne des pouvoirs accrus à l'armée et aux forces de l'ordre, est en vigueur en Tunisie depuis janvier 2011 et la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali
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Date de la première rediffusion sur mes trois pages faceboo. C. M. Dr M. K
Hammam-Chatt, le 29 mai 2013
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