mardi 28 mai 2013

Série Ansar Al-Charia n° 2: Ansar Al-Charia, le djihadisme au défi de la Tunisie.Le Monde.

 Série Ansar Al-Charia n° 2: Ansar Al-Charia, le djihadisme au défi de la Tunisie

M - Afrique

Le Monde.fr | 17.05.2013 à 18h22 • Mis à jour le 20.05.2013 à 11h29
Par Hélène Sallon

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Engagé dans une épreuve de force avec l'Etat tunisien, le groupe salafiste djihadiste Ansar Al-Charia ("les Partisans de la charia") est devenu en deux ans un mouvement puissant en Tunisie, bien implanté dans les quartiers populaires. Depuis sa création en avril 2011, il a su rassembler une partie de la mouvance salafiste djihadiste. Le nombre de ses adeptes reste difficile à déterminer. En appelant à l'organisation d'un congrès à Kairouan, le 19 mai, le groupe djihadiste a affirmé être en mesure de rassembler quelque 40 000 personnes


Dans son rapport "Tunisie : violences et défi salafiste", publié mercredi 13 février, l'International Crisis Group (ICG) évalue le "nombre de citoyens tunisiens qui partagent les convictions salafistes scientifiques et surtout djihadistes, ainsi que le style vestimentaire et corporel qui les accompagnent" à environ 50 000 sur une population de 11 millions d'habitants (voir l'encadré ci-dessous). Au sein de cette mouvance, éclatée entre quiétistes et djihadistes, "la scène salafiste djihadiste est prédominante (...) en termes de soutiens et de capacités", estime Aaron Y. Zelin, chercheur au Washington Institute for Near East Policy, dans le magazine Foreign Policy 

  • Abou Ayad, une figure du djihad global

C'est autour d'une personnalité du djihad global, Abou Ayad, de son vrai nom Seifallah Ben Hassine, un Tunisien de 43 ans, que les Partisans de la charia se sont fédérés. Ancien combattant en Afghanistan et proche d'Abou Qatada, un idéologue de la mouvance d'Al-Qaida, Abou Ayad a créé, dès 2000, le Groupe combattants tunisiens (GCT), une organisation constituée à l'étranger et classée terroriste par le Conseil de sécurité des Nations unies. Ses combattants ont alimenté les filières djihadistes en Irak et en Afghanistan. Il est lui-même soupçonné d'avoir participé à la formation des deux faux journalistes tunisiens responsables de la mort du commandant Massoud en Afghanistan, le 9 septembre 2001

Arrêté en 2003 en Turquie, puis extradé en Tunisie, Abou Ayad a été condamné à 43 ans de prison. Il a bénéficié de l'amnistie des prisonniers politiques après la chute de Ben Ali, en janvier 2011. Il prend alors la tête d'Ansar al-charia. Une activité qu'il mène publiquement jusqu'à entrer dans la clandestinité, étant recherché par les autorités tunisiennes depuis l'attaque de l'ambassade américaine à Tunis, le 14 septembre 2012. Dans un entretien au Monde, en mars, le premier ministre tunisien, Ali Larayedh, a affirmé qu'Abou Ayad était "impliqué dans les violences et le trafic d'armes"

Lire l'entretien avec le chef du gouvernement tunisien (édition abonnés) :  Je veux redonner confiance aux Tunisiens

  • Exilés et jeune garde

Le profil des militants d'Ansar al-charia est de deux types. Les salafistes libérés de prison ou de retour d'exil ont repris place au sein des zones défavorisées dont ils sont souvent originaires. D'après un haut responsable de brigades d'intervention spéciales, cité par l'ICG, avec la loi d'amnistie de 2011, "1 200 salafistes dont 300 ont combattu en Afghanistan, en Irak, au Yémen et en Somalie quittent la prison". Au même moment, un certain nombre de cheikhs salafistes scientifiques et djihadistes, la plupart imams dans des lieux de culte musulmans en Europe de l'Ouest, sont rentrés en Tunisie



Depuis sa création, l'organisation a recruté en nombre parmi les jeunes des quartiers défavorisés, indique l'ICG. A l'instar de l'ensemble de la mouvance salafiste en Tunisie, sa base est majoritairement constituée de "jeunes âgés de 15 à 35 ans, habitant les zones périphériques des grands centres urbains ou les petites agglomérations délaissées de l'intérieur du pays, d'un faible niveau scolaire, pour la plupart au chômage, ayant connu un passage par la délinquance et vécu pour certains une expérience carcérale", pointe l'organisation. Ces jeunes semblent trouver dans le salafisme, phénomène montant en Tunisie, "une identité et un exutoire utile"

  • Entre prédication et djihad global

"Ansar al-charia en Tunisie partage la vision du monde d'Al-Qaida, mais se focalise sur le recrutement et les activités de prédication locales", indique Aaron Y. Zelin dans Foreign Policy. A la différence d'Al-Qaida et de ses affiliés, dont ils sont autonomes, les Partisans de la charia privilégient l'action non-violente et la prédication ("dawa") en Tunisie. "La Tunisie n'est pas une terre de djihad, mais de prédication", ne cesse ainsi de répéter Abou Ayad. La stratégie de ce dernier est toutefois double : la prédication en Tunisie et l'appel au djihad à l'étranger

En Tunisie, l'objectif le plus important est, à court terme, de profiter des faiblesses de l'Etat pour prêcher et s'enraciner, explique l'un des proches d'Abou Ayad à l'ICG. Dès la chute du régime Ben Ali, les membres d'Ansar Al-Charia ont commencé à investir de nombreuses mosquées. A l'instar d'organisations comme les Frères musulmans, le Hamas et le Hezbollah, Ansar Al-Charia privilègie l'action économique et sociale. Palliant la faiblesse des services publics dans certaines zones délaissées, ils aident les familles en difficulté, en leur apportant nourriture, vêtements et médicaments. Une stratégie qui s'est avérée payante pour fidéliser de nombreux soutiens dans les quartiers défavorisés

Les djihadistes tunisiens sont présents en nombre sur les terrains de conflit. D'après des militants cités par l'ICG, près de 2 000 Tunisiens, dont nombre de salafistes djihadistes, sont partis faire la guerre en Syrie du côté de l'opposition fondamentaliste. Le 13 janvier, le chef de l'Etat tunisien a déclaré que des salafistes djihadistes tunisiens seraient en relation avec des "forces terroristes" impliquées dans le conflit malien, la Tunisie étant, d'après lui, sur le point de devenir un "corridor entre l'armement libyen et la région du Mali". Certains djihadistes tunisiens ont aussi participé à la prise d'otages sur le site gazier d'In Amenas, dans le sahara algérien, du 16 au 19 janvier



Date de la prmière rediffusion sur mes trois pages facebook
Hammam-Chatt, le 29 mai 2013

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