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Ansar Al-Charia n° 2: Ansar Al-Charia, le djihadisme au défi de la Tunisie
M - Afrique
Le Monde.fr | 17.05.2013 à 18h22 • Mis
à jour le 20.05.2013 à 11h29
Par Hélène
Sallon
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Engagé dans une épreuve de force avec
l'Etat tunisien, le groupe salafiste djihadiste Ansar Al-Charia ("les
Partisans de la charia") est devenu en deux ans un mouvement puissant en
Tunisie, bien implanté dans les quartiers populaires. Depuis sa création en
avril 2011, il a su rassembler une partie de la mouvance salafiste djihadiste.
Le nombre de ses adeptes reste difficile à déterminer. En appelant à
l'organisation d'un congrès à Kairouan, le 19 mai, le groupe djihadiste a
affirmé être en mesure de rassembler quelque 40 000 personnes
Dans son rapport "Tunisie : violences et défi
salafiste", publié mercredi 13 février, l'International Crisis
Group (ICG) évalue le "nombre de citoyens tunisiens qui partagent les
convictions salafistes scientifiques et surtout djihadistes, ainsi que le style
vestimentaire et corporel qui les accompagnent" à environ 50 000 sur
une population de 11 millions d'habitants (voir l'encadré ci-dessous).
Au sein de cette mouvance, éclatée entre quiétistes et djihadistes, "la
scène salafiste djihadiste est prédominante (...) en termes de
soutiens et de capacités", estime Aaron Y. Zelin, chercheur au
Washington Institute for Near East Policy, dans le magazine Foreign
Policy
- Abou Ayad,
une figure du djihad global
C'est autour d'une personnalité du djihad
global, Abou Ayad, de son vrai nom Seifallah Ben Hassine, un Tunisien de 43
ans, que les Partisans de la charia se sont fédérés. Ancien combattant en
Afghanistan et proche d'Abou Qatada, un idéologue de la mouvance d'Al-Qaida,
Abou Ayad a créé, dès 2000, le Groupe combattants tunisiens (GCT), une
organisation constituée à l'étranger et classée terroriste par le Conseil de
sécurité des Nations unies. Ses combattants ont alimenté les filières
djihadistes en Irak et en Afghanistan. Il est lui-même soupçonné d'avoir
participé à la formation des deux faux journalistes tunisiens responsables de
la mort du commandant Massoud en Afghanistan, le 9 septembre 2001
Arrêté en 2003 en Turquie,
puis extradé en Tunisie, Abou Ayad a été condamné à 43 ans de prison. Il a
bénéficié de l'amnistie des prisonniers politiques après la chute de Ben Ali,
en janvier 2011. Il prend alors la tête d'Ansar al-charia. Une activité qu'il
mène publiquement jusqu'à entrer dans la clandestinité, étant recherché par les
autorités tunisiennes depuis l'attaque de l'ambassade américaine à Tunis, le 14
septembre 2012. Dans un entretien au Monde, en mars, le premier
ministre tunisien, Ali Larayedh, a affirmé qu'Abou Ayad était "impliqué
dans les violences et le trafic d'armes"
Lire
l'entretien avec le chef du gouvernement tunisien (édition abonnés) : Je veux redonner confiance
aux Tunisiens
- Exilés et
jeune garde
Le profil des militants d'Ansar al-charia
est de deux types. Les salafistes libérés de prison ou de retour d'exil ont
repris place au sein des zones défavorisées dont ils sont souvent originaires.
D'après un haut responsable de brigades d'intervention spéciales, cité par
l'ICG, avec la loi d'amnistie de 2011, "1 200 salafistes dont 300 ont
combattu en Afghanistan, en Irak, au Yémen et en Somalie quittent la
prison". Au même moment, un certain nombre de cheikhs salafistes
scientifiques et djihadistes, la plupart imams dans des lieux de culte
musulmans en Europe de l'Ouest, sont rentrés en
Tunisie
Depuis sa création, l'organisation a
recruté en nombre parmi les jeunes des quartiers défavorisés, indique l'ICG. A
l'instar de l'ensemble de la mouvance salafiste en Tunisie, sa base est
majoritairement constituée de "jeunes âgés de 15 à 35 ans, habitant les
zones périphériques des grands centres urbains ou les petites agglomérations
délaissées de l'intérieur du pays, d'un faible niveau scolaire, pour la plupart
au chômage, ayant connu un passage par la délinquance et vécu pour certains une
expérience carcérale", pointe l'organisation. Ces jeunes semblent trouver dans le salafisme, phénomène montant en
Tunisie, "une identité et un exutoire utile"
- Entre
prédication et djihad global
"Ansar al-charia en Tunisie partage la
vision du monde d'Al-Qaida, mais se focalise sur le recrutement et les
activités de prédication locales",
indique Aaron Y. Zelin dans Foreign Policy. A la
différence d'Al-Qaida et de ses affiliés, dont ils sont autonomes, les
Partisans de la charia privilégient l'action non-violente et la prédication ("dawa")
en Tunisie. "La Tunisie n'est pas une terre de djihad, mais de
prédication", ne cesse ainsi de répéter Abou Ayad. La stratégie de ce
dernier est toutefois double : la prédication en Tunisie et l'appel au djihad à
l'étranger
En Tunisie, l'objectif le plus important
est, à court terme, de profiter des faiblesses
de l'Etat pour prêcher et s'enraciner, explique l'un
des proches d'Abou Ayad à l'ICG. Dès la chute du régime Ben Ali, les membres
d'Ansar Al-Charia ont commencé à investir de nombreuses mosquées. A l'instar
d'organisations comme les Frères musulmans, le Hamas et le Hezbollah, Ansar
Al-Charia privilègie l'action économique et sociale. Palliant la faiblesse des
services publics dans certaines zones délaissées, ils aident les familles en
difficulté, en leur apportant nourriture, vêtements et médicaments. Une
stratégie qui s'est avérée payante pour fidéliser de nombreux soutiens dans les
quartiers défavorisés
Les djihadistes tunisiens sont présents en
nombre sur les terrains de conflit. D'après des militants cités par l'ICG, près
de 2 000 Tunisiens, dont nombre de salafistes djihadistes, sont partis faire la
guerre en Syrie du côté de l'opposition fondamentaliste. Le 13 janvier, le chef
de l'Etat tunisien a déclaré que des salafistes djihadistes tunisiens seraient
en relation avec des "forces terroristes" impliquées dans le
conflit malien, la Tunisie étant, d'après lui, sur le point de devenir un "corridor
entre l'armement libyen et la région du Mali". Certains djihadistes
tunisiens ont aussi participé à la prise d'otages sur le site gazier d'In
Amenas, dans le sahara algérien, du 16 au 19 janvier
Date de la prmière rediffusion
sur mes trois pages facebook
Hammam-Chatt, le 29 mai 2013
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