Article
inspiré et accompagné d’extraits du livre « L’Islam de chair et de sang,
sur l’amour, le sexe et la viande ». Malek Chebel. Editions J’ai lu.
Diffusion Flammarion. Paris, 2012, 77 pages.
1.
Ma motivation de
disserter dans une spécialité qui n’est pas la mienne:
Je suis tout à fait
conscient que je ne suis pas spécialiste en la matière de ce sujet religieux épineux
et complexe pour ne pas dire dangereux. Je suis seulement spécialiste dans une
petite filière jeune et fragile des sciences de l’éducation qui
s’appelle : la « didactique de la biologie », née en France en
1970 et non encore reconnue dans le monde anglo-saxon. Elle a failli s’appeler
- et c’est mon souhait le plus cher - « Épistémologie de
l’enseignement » (maternel, primaire, secondaire et supérieure, y compris
la formation professionnelle).
Je suis encore tout à fait
conscient que l’Ijtihad (le questionnement
du Texte sacré par opposition au conservatisme de la Tradition, y compris
l’exégèse et l'herméneutique ou l’interprétation) est une science
pluridisciplinaire et interdisciplinaire complexe qui doit faire appel - en
plus du savoir religieux traditionnel (comme celui enseigné à Al-Azhar en
Egypte par exemple) - à la philosophie,
la psychologie, la psychanalyse, la médecine, la biologie, l’anthropologie,
l’histoire, l’archéologie, les sciences de l’éducation, etc.
Mais en tant que citoyen du Monde, libre penseur tunisien sans
idéologie, je vais me hasarder et oser donner mon avis personnel en questionnant mon Texte sacré, le Coran car je crois comme
Sartre que « Les idéologies sont liberté quand elles se
font, oppression quand elles sont faites », et je crois comme Sartre aussi
que « L’intellectuel est une création du XIXè siècle qui disparaîtra à la
fin du XXè ou du XXXè parce qu’il est fait pour disparaître. L’homme qui pense
pour les autres, cela n’a pas de sens. Tout homme qui est libre ne doit être
commandé par personne que par lui-même ».
Pour la première
fois, je vais oser et aborder un sujet tabou chez nous, un sujet qui concerne
l’étude comparée des religions, en particulier l’islam et le christianisme. Une
discipline qui doit être - à mon avis - enseignée au secondaire.
Anthropologiquement, l’islam serait plus évolué que ses prédécesseurs, les deux
religions monothéistes, le judaïsme et le christianisme. L’islam les a
reconnues toutes les deux et en plus il a toléré leurs adeptes à vivre en paix
à côté des musulmans dans la demeure de l’islam.
2.
Préambule
reproduisant un extrait de Malek Chebel publié sur la page de couverture de son
livre :
Dans le contexte
d’une troisième mondialisation, qui n’est pas une occidentalisation. La laïcité
n’est pas une « exception
française ». Elle n’est pas plus un « pur concept »
intemporel. Il existe des laïcités dans
le monde qui résultent de processus historiques divers, de fondements
philosophiques pluriels et qui correspondent à des réalités sociales, culturelles
et politiques elles-mêmes variées. Cela ne signifie nullement que ces laïcités
soient équivalentes mais implique, dans chaque situation, qu’un seuil minimal
de laïcité ait été franchi. (Fin de l’extrait).
3.
Quelques
définitions de la Laïcité extraites
du même livre, pages 3, 4, 5, 6, 16 :
-
« l’étymologie
de « laïcité » provient du nom grec laos, le peuple
distinct des clercs. Ensuite, ce propos se relie à deux idées centrales en la
matière, articulées par la théorie du contrat : le principe de souveraineté
dans et par le droit ; l’idée de l’individu titulaire de droits. »
-
« laïc
désigne un adepte d’une religion qui n’est pas un clerc, laïque un partisan
actif du principe de laïcité »
-
« Un
processus de laïcisation émerge quand l’Etat ne se trouve plus légitimé
par une religion ou une famille de pensée particulière et quand l’ensemble des
citoyens peuvent délibérer pacifiquement, en égalité de droits et de dignité,
pour exercer leur souveraineté dans l’exercice du pouvoir politique. »
-
« La laïcité
n’est l’apanage d’aucune culture, d’aucune nation, d’aucun continent. Elle peut
exister dans des conjonctures où le terme n’a pas été traditionnellement
utilisé. »
-
« l’Etat laïque,
neutre entre tous les cultes, indépendant de tous les clergés, dégagé de toute conception
théologique. »
-
« les
éléments constitutifs de la laïcité : la neutralité de l’Etat,
l’indépendance du politique et des institutions publiques par rapport aux
normes religieuses, la liberté de conscience et de religion, l’égalité des
individus porteurs de convictions différentes. »
-
« il est donc
possible d’étudier différentes laïcités
existant sur notre planète en se montrant attentif aux processus historiques de
laïcisation qui les ont constituées, aux
fondements philosophiques qui les ont légitimées et à leur réalité sociale et
politique, privilégiant soit la neutralité, soit la séparation, soit la liberté
de conscience, soit la non-discrimination. Ces
laïcités ne sont pas équivalentes et il
est possible de les évaluer par rapport à ces quatre indicateurs. Cela implique
néanmoins qu’un seuil minimal de laïcité a
été franchi. »
Comparaison entre la Laïcité
du Coran (et non celle de l’islam comme culture plurielle et
multiconfessionnelle, ou celle de la charia comme production humaine
hypothétique) et celle du Christianisme:
1. Les
fondements philosophiques opposés à la pré-laïcité
dans le christianisme :
-
Absence
de liberté de croyance : les chrétiens ne reconnaissent pas, ni le
prophète Mohamed (Qu'Allah le bénisse et le salue) comme messager de Dieu, ni l’islam comme religion monothéiste et ne tolèrent pas les
musulmans.
-
Existence
d’un clergé envahissant qui monopolise la religion et interdit le
questionnement du texte sacré (l’ijtihad en islam) et c’est pourquoi d’ailleurs
le protestantisme est apparu au XVIe siècle. Et ce n’est pas par
hasard - je pense - que ce dernier présente plusieurs points communs avec la
philosophie du Coran comme la relation transcendantale et directe entre le
créateur et sa créature, l’interdiction des indulgences,
صكوك الغفران الممنوحة من عند البابا
Et le mariage des
religieux, etc.
-
L’individu
chrétien est prosélyte par nature, il confesse et diffuse un message de
conversion au christianisme.
2. Les
fondements philosophiques favorisant la pré-laïcité
dans le Coran :
-
Je
rappelle la deuxième définition cité ci-haut qui dit : « laïc désigne
un adepte d’une religion qui n’est pas un clerc, laïque un partisan actif du
principe de laïcité » et je vois que tout musulman est un adepte
d’une religion, l’islam, mais il n’est pas un clerc car en islam il n’y a pas
de clergé donc par définition tout musulman est laïque.
-
Le coran
a institutionnalisé la liberté de croyance de l’individu depuis 15
siècles :
"من شاء فليؤمن ومن
شاء فليكفر"
"لكم دينكم ولي دين"
-
La laïcité nécessite la neutralité de l’Etat et le
Coran est passé encore plus loin et a creusé plus profond en institutionnalisant
la neutralité de l’individu, quel que soit cet individu, même le prophète
Mohamed lui-même:
لَن تهدي مَن أحببت، إن الله يهدي مَن يشاء
-
Absence de clergé dans le Coran.
-
La relation entre Allah et l’Homme est transcendantale et aucun intermédiaire entre le créateur et sa
créature n’est permis ou toléré même l’intermédiaire du prophète Mohamed
lui-même.
-
Le coran
a institutionnalisé la pré-laïcité au sein même de la famille
multiconfessionnelle en permettant à l’homme musulman de se marier d’une femme
juive ou chrétienne et de l’élire comme
mère pour ses enfants potentiels. Le mari, non seulement, n’a pas le droit
d’obliger son épouse à se convertir et
changer sa religion, mais il est moralement obligé de l’accompagner à la messe
du dimanche et de l’attendre devant l’église. Quel humanisme !
Quelle bonté !
Quelle tolérance !
Quelle neutralité !
Quelle modestie !
Quelle humilité !
Quelle laïcité
précoce !
Remarque désobligeante pour certains de mes compatriotes
« musulmans »:
Je pense que la plupart des « musulmans » d’aujourd’hui
ont bafoué les principaux principes du Coran garantissant l’indépendance, la
liberté et la neutralité religieuse de
l’individu musulman.
Je pense aussi que malheureusement la charia a institutionnalisé
ces mal-interprétations humaines du texte coranique et a claqué la porte devant
les nouvelles équipes multidisciplinaires et interdisciplinaires d’oulémas
scientifiques non traditionnels, les nouveaux moujtahidines (Ijtihad) ou
nouveaux moujahidines (Jihad, dans son acception du dépassement de soi et non le
prosélytisme guerrier). Elle nous a privés de l’apport
potentiel scientifique positif et bénéfique des sciences dans l’exégèse, le questionnement,
l’interprétation et l’herméneutique.
ma signature:
« pour l’auteur, il ne s’agit pas de convaincre par des
arguments ou des faits, mais, plus modestement, d’inviter a essayer autre
chose »
« A
un mauvais discours, on répond par un bon discours et non par la violence NI
VERBALE NI PHYSIQUE »
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