vendredi 18 février 2022

Comparaison entre les fondements philosophiques du concept de la Laïcité en Occident et la Laïcité dans le Coran (texte divin sacré, et non celle de la Charia, constituée de textes humains religieux ou profanes)

 


Article inspiré et accompagné d’extraits du livre « L’Islam de chair et de sang, sur l’amour, le sexe et la viande ». Malek Chebel. Editions J’ai lu. Diffusion Flammarion. Paris, 2012, 77 pages.

1.   Ma motivation de disserter dans une spécialité qui n’est pas la mienne:

Je suis tout à fait conscient que je ne suis pas spécialiste en la matière de ce sujet religieux épineux et complexe pour ne pas dire dangereux. Je suis seulement spécialiste dans une petite filière jeune et fragile des sciences de l’éducation qui s’appelle : la « didactique de la biologie », née en France en 1970 et non encore reconnue dans le monde anglo-saxon. Elle a failli s’appeler - et c’est mon souhait le plus cher - « Épistémologie de l’enseignement » (maternel, primaire, secondaire et supérieure, y compris la formation professionnelle).

Je suis encore tout à fait conscient que l’Ijtihad (le questionnement du Texte sacré par opposition au conservatisme de la Tradition, y compris l’exégèse et  l'herméneutique ou l’interprétation) est une science pluridisciplinaire et interdisciplinaire complexe qui doit faire appel - en plus du savoir religieux traditionnel (comme celui enseigné à Al-Azhar en Egypte par exemple) - à  la philosophie, la psychologie, la psychanalyse, la médecine, la biologie, l’anthropologie, l’histoire, l’archéologie, les sciences de l’éducation, etc.

Mais en tant que citoyen du Monde, libre penseur tunisien sans idéologie, je vais me hasarder et oser donner mon avis personnel en questionnant mon Texte sacré, le Coran car  je crois comme Sartre que « Les idéologies sont liberté quand elles se font, oppression quand elles sont faites », et je crois comme Sartre aussi que « L’intellectuel est une création du XIXè siècle qui disparaîtra à la fin du XXè ou du XXXè parce qu’il est fait pour disparaître. L’homme qui pense pour les autres, cela n’a pas de sens. Tout homme qui est libre ne doit être commandé par personne que par lui-même ».

Pour la première fois, je vais oser et aborder un sujet tabou chez nous, un sujet qui concerne l’étude comparée des religions, en particulier l’islam et le christianisme. Une discipline qui doit être - à mon avis - enseignée au secondaire. Anthropologiquement, l’islam serait plus évolué que ses prédécesseurs, les deux religions monothéistes, le judaïsme et le christianisme. L’islam les a reconnues toutes les deux et en plus il a toléré leurs adeptes à vivre en paix à côté des musulmans dans la demeure de l’islam.

2.   Préambule reproduisant un extrait de Malek Chebel publié sur la page de couverture de son livre :

Dans le contexte d’une troisième mondialisation, qui n’est pas une occidentalisation. La laïcité n’est pas une « exception  française ». Elle n’est pas plus un « pur concept » intemporel. Il existe des  laïcités dans le monde qui résultent de processus historiques divers, de fondements philosophiques pluriels et qui correspondent à des réalités sociales, culturelles et politiques elles-mêmes variées. Cela ne signifie nullement que ces laïcités soient équivalentes mais implique, dans chaque situation, qu’un seuil minimal de laïcité ait été franchi. (Fin de l’extrait).

3.   Quelques définitions de la Laïcité extraites du même livre, pages 3, 4, 5, 6, 16 :

-         « l’étymologie de « laïcité » provient du nom grec laos, le peuple distinct des clercs. Ensuite, ce propos se relie à deux idées centrales en la matière, articulées par la théorie du contrat : le principe de souveraineté dans et par le droit ; l’idée de l’individu titulaire de droits. »

-         « laïc désigne un adepte d’une religion qui n’est pas un clerc, laïque un partisan actif du principe de laïcité »

-         « Un processus de laïcisation émerge quand l’Etat ne se trouve plus légitimé par une religion ou une famille de pensée particulière et quand l’ensemble des citoyens peuvent délibérer pacifiquement, en égalité de droits et de dignité, pour exercer leur souveraineté dans l’exercice du pouvoir politique. »

-         « La laïcité n’est l’apanage d’aucune culture, d’aucune nation, d’aucun continent. Elle peut exister dans des conjonctures où le terme n’a pas été traditionnellement utilisé. »

-         « l’Etat laïque, neutre entre tous les cultes, indépendant de tous les clergés, dégagé de toute conception théologique. »

-         « les éléments constitutifs de la laïcité : la neutralité de l’Etat, l’indépendance du politique et des institutions publiques par rapport aux normes religieuses, la liberté de conscience et de religion, l’égalité des individus porteurs de convictions différentes. »

-         « il est donc possible d’étudier différentes laïcités existant sur notre planète en se montrant attentif aux processus historiques de laïcisation qui les ont constituées, aux fondements philosophiques qui les ont légitimées et à leur réalité sociale et politique, privilégiant soit la neutralité, soit la séparation, soit la liberté de conscience, soit la non-discrimination. Ces  laïcités ne sont pas équivalentes et il est possible de les évaluer par rapport à ces quatre indicateurs. Cela implique néanmoins qu’un seuil minimal de laïcité a été franchi. »

Comparaison entre la Laïcité du Coran (et non celle de l’islam comme culture plurielle et multiconfessionnelle, ou celle de la charia comme production humaine hypothétique) et celle du Christianisme:

1.   Les fondements philosophiques opposés à la pré-laïcité dans le christianisme :

-         Absence de liberté de croyance : les chrétiens ne reconnaissent pas, ni le prophète Mohamed (Qu'Allah le bénisse et le salue) comme messager de Dieu, ni l’islam comme religion monothéiste et ne tolèrent pas les musulmans.

-         Existence d’un clergé envahissant qui monopolise la religion et interdit le questionnement du texte sacré (l’ijtihad en islam) et c’est pourquoi d’ailleurs le protestantisme est apparu au XVIe siècle. Et ce n’est pas par hasard - je pense - que ce dernier présente plusieurs points communs avec la philosophie du Coran comme la relation transcendantale et directe entre le créateur et sa créature, l’interdiction des indulgences,

صكوك الغفران الممنوحة من عند البابا

Et le mariage des religieux, etc.

-         L’individu chrétien est prosélyte par nature, il confesse et diffuse un message de conversion au christianisme.

2.   Les fondements philosophiques favorisant la pré-laïcité dans le Coran :

-         Je rappelle la deuxième définition cité ci-haut qui dit : « laïc désigne un adepte d’une religion qui n’est pas un clerc, laïque un partisan actif du principe de laïcité » et je vois que tout musulman est un adepte d’une religion, l’islam, mais il n’est pas un clerc car en islam il n’y a pas de clergé donc par définition tout musulman est laïque.

-         Le coran a institutionnalisé la liberté de croyance de l’individu depuis 15 siècles :

"من شاء فليؤمن ومن شاء فليكفر"

"لكم دينكم ولي دين"

-         La laïcité nécessite la neutralité de l’Etat et le Coran est passé encore plus loin et a creusé plus profond  en institutionnalisant la neutralité de l’individu, quel que soit cet individu, même le prophète Mohamed lui-même:

لَن تهدي مَن أحببت، إن الله يهدي مَن يشاء

-         Absence de clergé dans le Coran.

-         La relation entre Allah et l’Homme est transcendantale et aucun intermédiaire entre le créateur et sa créature n’est permis ou toléré même l’intermédiaire du prophète Mohamed lui-même.

-         Le coran a institutionnalisé la pré-laïcité au sein même de la famille multiconfessionnelle en permettant à l’homme musulman de se marier d’une femme juive ou chrétienne  et de l’élire comme mère pour ses enfants potentiels. Le mari, non seulement, n’a pas le droit d’obliger son épouse à se convertir  et changer sa religion, mais il est moralement obligé de l’accompagner à la messe du dimanche et de l’attendre devant l’église. Quel humanisme !

Quelle bonté !

Quelle tolérance !

Quelle neutralité !

Quelle modestie !

Quelle humilité !

Quelle  laïcité précoce !

Remarque désobligeante pour certains de mes compatriotes « musulmans »:

Je pense que la plupart des « musulmans » d’aujourd’hui ont bafoué les principaux principes du Coran garantissant l’indépendance, la liberté et   la neutralité religieuse de l’individu musulman.

Je pense aussi que malheureusement la charia a institutionnalisé ces mal-interprétations humaines du texte coranique et a claqué la porte devant les nouvelles équipes multidisciplinaires et interdisciplinaires d’oulémas scientifiques non traditionnels, les nouveaux moujtahidines (Ijtihad) ou nouveaux moujahidines (Jihad, dans son acception du dépassement de soi et  non le prosélytisme guerrier). Elle nous a privés de l’apport potentiel scientifique positif et bénéfique des sciences dans l’exégèse, le questionnement, l’interprétation et l’herméneutique.

ma signature:

 « pour l’auteur, il ne s’agit pas de convaincre par des arguments ou des faits, mais, plus modestement, d’inviter a essayer autre chose »

« A un mauvais discours, on répond par un bon discours et non par la violence NI VERBALE NI PHYSIQUE »

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