Comment penser ou
comment lire le Texte (Coran ou Hadith ou jurisprudence)? Yadh Ben Achour
Source bibliographique
Aux fondements de
l’orthodoxie sunnite, Yadh Ben Achour, Cérès éditions, 2009, Tunis, 297 pages
Page 189
La raison est donc la
servante du texte et la question fondamentale n’est pas : « Comment
penser ? », mais : « Comment lire ». La langue est
donc l’autorité de référence qui encadre la raison
La conséquence est que,
par un laborieux travail de mise en ordre du texte (grammaire, droit, poésie,
exégèse coranique, hadith. . .) se manifestant dans la codification des
savoirs, à la référence du texte s‘est ajoutée la référence des anciens,
c’est-à-dire la constitution d’écoles de pensée par la voie du consensus. Le
précédent doctrinal est devenu la loi du présent et de l’avenir. Les vrais
enfants du Texte, pour reprendre l’expression de Pierre Legendre, ce sont les
musulmans sunnites. Ils ont poussé l’art du Texte jusqu’à ses extrêmes limites
Pour tous les hommes du
droit sunnite, le texte se révèle tout d’abord dans le Coran, dont les versets
législatifs (ayât al ahkâm) touchent les domaines essentiels du droit de la
famille et du droit pénal, et dans la tradition prophétique, dont il a fallu
établir la codification et l’authenticité au début du IIe siècle de l’hégire.
Ces dispositions de base ont reçu une extension considérable par la méthode de
l’analogie (qiyâs) admise comme source du droit, sauf pour l’école d’Ibn Hazm
(école dhahirite
(. . .) La conclusion
qui s’impose, c’est que la structure même de la pensée juridique, par son positivisme
ultraformaliste, exclut l’idée d’une justice naturelle. Cette dernière implique
quant à elle l’idée d’une raison légiférante, autonome, produisant le droit à
partir des exigences de la nature ou des sentiments et valeurs de l’esprit
humain. Shâfi’i, présumé fondateur de la théorie systématique des sources de
droit, a posé deux principes fondamentaux dans sa Risâla. Le premier est
que tout droit procède du texte. Le deuxième est que le shar’ est
suffisant pour tous les besoins. Ce sont les deux principes d’exclusivité et de
complétude du shar’. Ce refus de la raison a été clairement mis en
relief par Shâtibî, l’un des plus grands théoriciens des sources de droit
Date de la première rediffusion sur mon blog
et mes deux pages facebook
C. M. Dr M. K.,
Hammam-Chatt, vendredi 28 février 2014
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