jeudi 27 février 2014

Comment penser ou comment lire le Texte (Coran ou Hadith ou jurisprudence)? Yadh Ben Achour

Comment penser ou comment lire le Texte (Coran ou Hadith ou jurisprudence)? Yadh Ben Achour

Source bibliographique
Aux fondements de l’orthodoxie sunnite, Yadh Ben Achour, Cérès éditions, 2009, Tunis, 297 pages

Page 189
La raison est donc la servante du texte et la question fondamentale n’est pas : « Comment penser ? », mais : « Comment lire ». La langue est donc l’autorité de référence qui encadre la raison

La conséquence est que, par un laborieux travail de mise en ordre du texte (grammaire, droit, poésie, exégèse coranique, hadith. . .) se manifestant dans la codification des savoirs, à la référence du texte s‘est ajoutée la référence des anciens, c’est-à-dire la constitution d’écoles de pensée par la voie du consensus. Le précédent doctrinal est devenu la loi du présent et de l’avenir. Les vrais enfants du Texte, pour reprendre l’expression de Pierre Legendre, ce sont les musulmans sunnites. Ils ont poussé l’art du Texte jusqu’à ses extrêmes limites

Pour tous les hommes du droit sunnite, le texte se révèle tout d’abord dans le Coran, dont les versets législatifs (ayât al ahkâm) touchent les domaines essentiels du droit de la famille et du droit pénal, et dans la tradition prophétique, dont il a fallu établir la codification et l’authenticité au début du IIe siècle de l’hégire. Ces dispositions de base ont reçu une extension considérable par la méthode de l’analogie (qiyâs) admise comme source du droit, sauf pour l’école d’Ibn Hazm (école dhahirite

(. . .) La conclusion qui s’impose, c’est que la structure même de la pensée juridique, par son positivisme ultraformaliste, exclut l’idée d’une justice naturelle. Cette dernière implique quant à elle l’idée d’une raison légiférante, autonome, produisant le droit à partir des exigences de la nature ou des sentiments et valeurs de l’esprit humain. Shâfi’i, présumé fondateur de la théorie systématique des sources de droit, a posé deux principes fondamentaux dans sa Risâla. Le premier est que tout droit procède du texte. Le deuxième est que le shar’ est suffisant pour tous les besoins. Ce sont les deux principes d’exclusivité et de complétude du shar’. Ce refus de la raison a été clairement mis en relief par Shâtibî, l’un des plus grands théoriciens des sources de droit

 Date de la première rediffusion sur mon blog et mes deux pages facebook
C. M. Dr M. K., Hammam-Chatt, vendredi 28 février 2014





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