vendredi 11 juin 2021

Peut-on cloner l’Homme ? Citoyen du Monde

 

 

Clonage et épigenèse 

En 1997, des chercheurs britanniques sont parvenus à cloner une brebis, à créer en laboratoire son double génétique, sans fécondation d’un ovule par un spermatozoïde, à partir d’une cellule différenciée prélevée sur une glande mammaire. Mais la succession d’évènements, ayant permis la naissance de la fameuse brebis Dolly, a bien peu de chances de se produire dans la nature (Gouyon et al., 1997). Dolly, la petite brebis met le monde en ébullition et à partir de ce moment on commence à penser sérieusement au clonage humain. Je cite ici Prochiantz (1993) qui attire notre attention sur la difficulté de cloner l’Homme : « […] on peut faire l’hypothèse que plus une espèce occupe une position élevée dans l’échelle évolutive, plus la part de l’épi-génétique, comparée à la part du génétique, prend de l’importance dans la construction des individus. ».

 

Critiques épistémologiques récentes du terme clonage par Rumelhard (2005) 

Il faudrait citer ici en totalité le paragraphe pour bien comprendre sa critique avec laquelle je suis tout à fait d’accord « Les termes de clone et de clonage véhiculent une " représentation culturelle" très active et fortement contagieuse (Claude Debru, 2003 p. 385-397). Initialement au milieu des années 1950, le terme apparaît chez les botanistes et les agronomes. Klôn signifie en grec petite branche, et le verbe Klaô signifie couper, tailler des branches, fragmenter. Sur cette origine se greffent deux images : celle de la reproduction végétative, et celle    de la fragmentation. C’est   l’ensemble    des individus    obtenus      sans  fécondation, à partir d’un   seul   individu,  par    parthénogenèse  ou  par  bouturage. De   cette pratique à celle du transfert de noyaux, puis à la réalisation du clonage reproductif chez les batraciens (John Gurdon, 1970), puis chez les mammifères, puis chez l’homme le chemin est long et le changement de signification important. Clone ne signifie pas un groupe de membres identiques, mais un membre individuel de ce groupe. " Ce n’est plus le groupe, la reproduction en nombre, qui est en vue et peut susciter l’effort, mais l’individu, et avec cette signification, c’est une certaine culture, non de la production de masse, mais du narcissisme individuel, qui s’introduit. Le terme de clonage en est donc venu à désigner des réalités très différentes avec des connotations quasiment opposées et une très grande ambivalence". Une base expérimentale assez semblable soutient cette fois des problèmes, mais aussi des représentations, sinon des fantasmes, très différents. »

 

Conclusion sur le clonage humain 

Au-delà de la critique pertinente de Rumelhard, poser à des personnes des questions sur le clonage permet d’avoir des conceptions intéressantes qui porteront à la fois sur :

-          la question du déterminisme génétique des compétences intellectuelles (ou autres), ce qui rejoint l’axe central de notre recherche sur les déterminismes biologiques ;

-          les connaissances scientifiques, avec ou non la confusion entre clonage et photocopie, la prise en compte ou non de l’épigenèse cérébrale ;

-          et enfin des positions éthiques quand au droit moral de cloner un être humain, en tant que pratique socialement admise ou interdite.

 

Si on ne pourra jamais cloner l`homme intelligent ni l`homme agressif, peut-on au moins éviter les maladies héréditaires ?

 

Source: Le système éducatif au banc des accusés ! « Les professeurs ne comprennent pas que leurs élèves ne comprennent pas », Mohamed Kochkar, 2014, pp. 119-122 (Pour ceux ou celles qui souhaitent bénéficier d’une copie électronique, il suffit d’envoyer son mail).

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