Clonage et épigenèse
En
1997, des chercheurs britanniques sont parvenus à cloner une brebis, à créer en
laboratoire son double génétique, sans fécondation d’un ovule par un
spermatozoïde, à partir d’une cellule différenciée prélevée sur une glande
mammaire. Mais la succession d’évènements, ayant permis la naissance de la
fameuse brebis Dolly, a bien peu de chances de se produire dans la nature
(Gouyon et al., 1997). Dolly, la petite brebis met le monde en ébullition et à
partir de ce moment on commence à penser sérieusement au clonage humain. Je
cite ici Prochiantz (1993) qui attire notre attention sur la difficulté de
cloner l’Homme : « […] on peut faire l’hypothèse que plus une
espèce occupe une position élevée dans l’échelle évolutive, plus la part de
l’épi-génétique, comparée à la part du génétique, prend de l’importance dans la
construction des individus. ».
Critiques
épistémologiques récentes du terme clonage par Rumelhard (2005)
Il
faudrait citer ici en totalité le paragraphe pour bien comprendre sa critique
avec laquelle je suis tout à fait d’accord « Les termes de clone et de
clonage véhiculent une " représentation culturelle" très active
et fortement contagieuse (Claude Debru, 2003 p. 385-397). Initialement au
milieu des années 1950, le terme apparaît chez les botanistes et les agronomes.
Klôn signifie en grec petite branche, et le verbe Klaô signifie couper, tailler
des branches, fragmenter. Sur cette origine se greffent deux images :
celle de la reproduction végétative, et celle
de la fragmentation. C’est
l’ensemble des individus obtenus
sans fécondation, à partir
d’un seul individu,
par parthénogenèse ou
par bouturage. De cette pratique à celle du transfert de
noyaux, puis à la réalisation du clonage reproductif chez les batraciens (John
Gurdon, 1970), puis chez les mammifères, puis chez l’homme le chemin est long
et le changement de signification important. Clone ne signifie pas un groupe de
membres identiques, mais un membre individuel de ce groupe. " Ce
n’est plus le groupe, la reproduction en nombre, qui est en vue et peut
susciter l’effort, mais l’individu, et avec cette signification, c’est une
certaine culture, non de la production de masse, mais du narcissisme individuel,
qui s’introduit. Le terme de clonage en est donc venu à désigner des réalités
très différentes avec des connotations quasiment opposées et une très grande
ambivalence". Une base expérimentale assez semblable soutient cette fois
des problèmes, mais aussi des représentations, sinon des fantasmes, très
différents. »
Conclusion
sur le clonage humain
Au-delà de la critique pertinente de
Rumelhard, poser à des personnes des questions sur le clonage permet d’avoir
des conceptions intéressantes qui porteront à la fois sur :
-
la question du
déterminisme génétique des compétences intellectuelles (ou autres), ce qui
rejoint l’axe central de notre recherche sur les déterminismes
biologiques ;
-
les connaissances
scientifiques, avec ou non la confusion entre clonage et photocopie, la prise
en compte ou non de l’épigenèse cérébrale ;
-
et enfin des
positions éthiques quand au droit moral de cloner un être humain, en tant que
pratique socialement admise ou interdite.
Si
on ne pourra jamais cloner l`homme intelligent ni l`homme agressif, peut-on au
moins éviter les maladies héréditaires ?
Source: Le système
éducatif au banc des accusés ! « Les professeurs ne comprennent pas que
leurs élèves ne comprennent pas », Mohamed Kochkar, 2014, pp. 119-122
(Pour ceux ou celles qui souhaitent bénéficier d’une copie électronique, il
suffit d’envoyer son mail).
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