L’ordinateur
impressionne les adultes avant les enfants. Avec un milliard d’opérations par
seconde, il y a de quoi émerveiller le monde entier. Mais quel ordinateur
reconnaîtrait un coquelicot ou un papillon, déciderait de changer d’avis, de se
reprogrammer, d’être Goethe et d’enfanter Faust ? (Fottorino, 1998).
L’émerveillement devant un micro-ordinateur nous fait oublier que ses
performances sont programmées par l’homme. On développe actuellement des unités
élémentaires de traitement de l’information dans des ordinateurs
neuro-mimétiques. L’analogie s’arrête là quand on sait que dans le cerveau
humain, le nombre des synapses est supérieur au de 1016 et que
chaque neurone cortical humain en établit une moyenne de 10 mille avec des
neurones voisins, alors que les liaisons de chaque unité élémentaire de
traitement parallèle de l’information
dans un ordinateur sont inférieures à une dizaine. Notre mémoire diffère de
celle de l’ordinateur en deux points : tout d’abord, sa capacité est
énorme ; on suppose qu’elle est équivalente à environ 1016 bits
(dix millions de milliards de bits), alors que la mémoire centrale du Cray C98,
l’un des ordinateurs les plus puissants en 2007, peut stocker au maximum 64
milliards de bits. La façon dont une information aussi gigantesque est stockée
si efficacement et récupérée si rapidement reste très mystérieuse. Ensuite,
notre cerveau possède deux formes distinctes de mémoire, la mémoire déclarative
ou cognitive (savoir) et la mémoire procédurale (savoir-faire) (Masao, 1994).
Je
termine ce paragraphe par les critiques de Varela (1998) et Edelman de la
notion du « cerveau ordinateur ». Varela dans un article- interview intitulé « le cerveau n’est pas un
ordinateur » : « la notion d’ordinateur neuronal n’est pas
évidente, parce qu’un ordinateur, stricto sensu, c’est un système
numérique ». (La Recherche, 1998). Le cerveau ne peut pas fonctionner
comme un ordinateur, explique en substance Gerald Edelman (1989), parce qu’il
n’a pas de programme. Il n’obéit pas à une série d’instructions codées au
préalable. Le bébé qui apprend à reconnaître, par exemple, les petites autos, n’avait pas au
départ une catégorie « voitures miniatures » inscrite dans la
mémoire. « Le monde ne se présente pas au cerveau comme morceau
d’enregistrement informatique contenant une série non ambiguë de signaux,
écrit Edelman. Le cerveau permet à l’animal de sentir son environnement, de
catégoriser des structures au sein d’une multitude de signaux variables et de
déclencher des mouvements. […] l’aptitude du système nerveux à effectuer une
catégorisation perceptive des différents
signaux pour la vue, le son, etc., et à les diviser en classes cohérentes sans
code préalable est propre au cerveau, et les ordinateurs n’y parviennent
pas. » (Le nouvel Observateur, 2000).
Source: Le système
éducatif au banc des accusés ! « Les professeurs ne comprennent pas que
leurs élèves ne comprennent pas », Mohamed Kochkar, 2014, pp. 143-145
(Pour ceux ou celles qui souhaitent bénéficier d’une copie électronique, il
suffit d’envoyer son mail).
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