vendredi 18 juin 2021

Critiques récentes du modèle ordinateur du cerveau. Citoyen du Monde

 

 

L’ordinateur impressionne les adultes avant les enfants. Avec un milliard d’opérations par seconde, il y a de quoi émerveiller le monde entier. Mais quel ordinateur reconnaîtrait un coquelicot ou un papillon, déciderait de changer d’avis, de se reprogrammer, d’être Goethe et d’enfanter Faust ? (Fottorino, 1998). L’émerveillement devant un micro-ordinateur nous fait oublier que ses performances sont programmées par l’homme. On développe actuellement des unités élémentaires de traitement de l’information dans des ordinateurs neuro-mimétiques. L’analogie s’arrête là quand on sait que dans le cerveau humain, le nombre des synapses est supérieur au de 1016 et que chaque neurone cortical humain en établit une moyenne de 10 mille avec des neurones voisins, alors que les liaisons de chaque unité élémentaire de traitement parallèle de  l’information dans un ordinateur sont inférieures à une dizaine. Notre mémoire diffère de celle de l’ordinateur en deux points : tout d’abord, sa capacité est énorme ; on suppose qu’elle est équivalente à environ 1016 bits (dix millions de milliards de bits), alors que la mémoire centrale du Cray C98, l’un des ordinateurs les plus puissants en 2007, peut stocker au maximum 64 milliards de bits. La façon dont une information aussi gigantesque est stockée si efficacement et récupérée si rapidement reste très mystérieuse. Ensuite, notre cerveau possède deux formes distinctes de mémoire, la mémoire déclarative ou cognitive (savoir) et la mémoire procédurale (savoir-faire) (Masao, 1994).

Je termine ce paragraphe par les critiques de Varela (1998) et Edelman de la notion du « cerveau ordinateur ». Varela  dans un article- interview  intitulé « le cerveau n’est pas un ordinateur » : « la notion d’ordinateur neuronal n’est pas évidente, parce qu’un ordinateur, stricto sensu, c’est un système numérique ». (La Recherche, 1998). Le cerveau ne peut pas fonctionner comme un ordinateur, explique en substance Gerald Edelman (1989), parce qu’il n’a pas de programme. Il n’obéit pas à une série d’instructions codées au préalable. Le bébé qui apprend à reconnaître, par exemple,  les  petites autos, n’avait pas au départ une catégorie « voitures miniatures » inscrite dans la mémoire. « Le monde ne se présente pas au cerveau comme morceau d’enregistrement informatique contenant une série non ambiguë de signaux, écrit Edelman. Le cerveau permet à l’animal de sentir son environnement, de catégoriser des structures au sein d’une multitude de signaux variables et de déclencher des mouvements. […] l’aptitude du système nerveux à effectuer une catégorisation perceptive  des différents signaux pour la vue, le son, etc., et à les diviser en classes cohérentes sans code préalable est propre au cerveau, et les ordinateurs n’y parviennent pas. »  (Le nouvel Observateur, 2000).

 

Source: Le système éducatif au banc des accusés ! « Les professeurs ne comprennent pas que leurs élèves ne comprennent pas », Mohamed Kochkar, 2014, pp. 143-145 (Pour ceux ou celles qui souhaitent bénéficier d’une copie électronique, il suffit d’envoyer son mail).

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