mercredi 9 juin 2021

L’intelligence, est-elle héréditaire ou acquise ? Citoyen du Monde

 

 

Le quotient intellectuel QI 

Les psychologues français Alfred Binet (1857-1911) et Théodore Simon (1873-1961) ont mis au point en 1905 des tests pour mesurer l’intelligence des enfants de 3 à 15 ans. L’âge mental de l’enfant est évalué en fonction du type d’épreuves qu’il est à même de surmonter.

Exemples 

§  Reconnaître la différence entre le matin et le soir : 6 ans.

§  Compter de 20 à 0 par ordre décroissant : 8 ans.

§  Connaître les mois de l’année dans l’ordre : dix ans.

§  L’âge mental est calculé à partir des épreuves réussies. Par exemple, un enfant qui réussit tous les exercices jusqu’à l’âge de 11 ans et trois parmi les cinq épreuves de l’âge de 12 ans, a un âge mental de 11.6 ans.

 

Et depuis  les tests de QI ont été normalisés et leurs items sont testés au préalable sur des populations témoins d’âge précis. Ne sont conservés dans les tests que les items qui permettent de répartir 95 % des individus de cette population entre les valeurs 60 et 40 de QI.

 

Le quotient intellectuel a été l’objet de critiques diverses

Chacun connaît des personnes ayant une intelligence extraordinaire, mais limitée à un domaine particulier. Chacun sait que l’intelligence n’est pas une capacité figée, on parle maintenant de la plasticité cérébrale et de la plasticité de l’intelligence, par exemple : un élève qui  n’a pas réussi cette année, peut réussir l’année suivante. Un jeune étudiant qui a échoué dans ses études, peut récupérer à un certain âge plus avancé. Ainsi, il est aventureux de faire l’amalgame entre toutes les formes d’intelligence, et encore plus d’envisager un QI unique et universel, sans tenir compte des différences culturelles. (Neubauer, 2003).

Kahn (2000) : « En mai 1998, dans le journal Psychological Science […] Les auteurs en concluaient qu’un gène intervenant dans l’intelligence est porté par le chromosome 6 et est situé à proximité de la séquence polymorphe. Tous les généticiens savent l’extrême prudence avec laquelle il convient d’accueillir de tels résultats. Ce sont des approches similaires qui ont conduit, dans le passé, à des conclusions ensuite démenties portant sur la localisation de gènes dans les maladies psychiatriques et dans l’homosexualité masculine ».

Jacquard (2002): «  c’est à propos de l’intelligence que se pose avec plus d’acuité la question de l’inné et de l’acquis. Pour des raisons idéologiques, il est tentant d’admettre que toute activité résulte des dons de la nature, ou au contraire que l’essentiel résulte de l’aventure vécue. L’expérience idéale pour trancher entre ces deux thèses serait de comparer des vrais jumeaux élevés dans des conditions très différentes.  Mais le nombre des cas observés avec rigueur est trop faible pour permettre une conclusion. Une étude bien documentée a été publiée par l’INSERM, un institut français de recherche. Trente cinq enfants de statut social très bas et adoptés par des familles de niveau élevé ont été suivis tout au long de leur scolarité, et leurs parcours ont été comparés à ceux de leurs trente-neuf frères et sœurs restés dans leurs familles d’origine. Parmi les premiers, un seul échec scolaire grave a été constaté, parmi les seconds, douze. Il est clair que le développement intellectuel conditionnant l’insertion dans la société dépend plus des conditions de vie des enfants que de leur patrimoine génétique. Les gènes peuvent être responsables de cas pathologiques, mais ils n’ont guère d’influence sur la construction fine de l’intelligence ».

         Jeannerod : « on prend un concept aussi global, aussi multifactoriel que l’intelligence, on le ramène à un seul facteur par des artifices statistiques, ensuite on cherche sa transmission génétique et on fait des banques du sperme pour Prix Nobel ! » (Oliva, 1995).

         Giordan (1998) : « Il faut envisager l’apprendre dans un double mouvement, du biologique au social et du social au biologique, ce qui permet de dépasser aisément les querelles habituelles sur l’inné et l’acquis. C’est de leur interaction que naît cette caractéristique de la pensée humaine que l’on nomme intelligence ».

 

A ceux qui disent que l’intelligence n’est pas du tout génétique mais uniquement acquise, il faut sans cesse rappeler que la genèse du cerveau est déterminée par les gènes et son épigenèse est le résultat d’interaction entre le génome et l’environnement.

Pour connaitre les conceptions des professeurs tunisiens sur l`origine de l`intelligence, j`ai  posé la question suivante dans une enquête:

* Y a-t-il une prédisposition génétique chez les parents qui induirait leurs enfants à être très bons à l’école ?

1   OUI         1     NON 

Justifiez votre réponse.

         Contrairement à ce qu`on attendait, les résultats collectés ont montré qu`un tiers des personnes interrogées croient que l’intelligence est héréditaire (35,2 % ou 98/275). Ceci pourrait s’expliquer par l’impact de l’enseignement scolaire (dominance du paradigme du « tout génétique ») combiné à l’effet des medias qui véhiculent une idéologie déterministe. Par contre on sait maintenant que l’intelligence se construit en fonction de l’expérience individuelle par interaction entre l’environnement et le génotype.

 

Dans ce qui suit, en plus de l`intelligence, nous allons poser le problème de l`agressivité humaine et nous allons voir si elle est inscrite dans nos gènes dès la naissance ou elle est  épigénétique ?

 

Source: Le système éducatif au banc des accusés ! « Les professeurs ne comprennent pas que leurs élèves ne comprennent pas », Mohamed Kochkar, 2014, pp. 109-114 (Pour ceux ou celles qui souhaitent bénéficier d’une copie électronique, il suffit d’envoyer son mail).

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