Le
quotient intellectuel QI
Les
psychologues français Alfred Binet (1857-1911) et Théodore Simon (1873-1961)
ont mis au point en 1905 des tests pour mesurer l’intelligence des enfants de 3
à 15 ans. L’âge mental de l’enfant est évalué en fonction du type d’épreuves
qu’il est à même de surmonter.
Exemples
§ Reconnaître
la différence entre le matin et le soir : 6 ans.
§ Compter
de 20 à 0 par ordre décroissant : 8 ans.
§ Connaître
les mois de l’année dans l’ordre : dix ans.
§ L’âge
mental est calculé à partir des épreuves réussies. Par exemple, un enfant qui
réussit tous les exercices jusqu’à l’âge de 11 ans et trois parmi les cinq
épreuves de l’âge de 12 ans, a un âge mental de 11.6 ans.
Et
depuis les tests de QI ont été
normalisés et leurs items sont testés au préalable sur des populations témoins
d’âge précis. Ne sont conservés dans les tests que les items qui permettent de
répartir 95 % des individus de cette population entre les valeurs 60 et 40 de
QI.
Le
quotient intellectuel a été l’objet de critiques diverses
Chacun
connaît des personnes ayant une intelligence extraordinaire, mais limitée à un
domaine particulier. Chacun sait que l’intelligence n’est pas une capacité
figée, on parle maintenant de la plasticité cérébrale et de la plasticité de
l’intelligence, par exemple : un élève qui
n’a pas réussi cette année, peut réussir l’année suivante. Un jeune
étudiant qui a échoué dans ses études, peut récupérer à un certain âge plus
avancé. Ainsi, il est aventureux de faire l’amalgame entre toutes les formes
d’intelligence, et encore plus d’envisager un QI unique et universel, sans
tenir compte des différences culturelles. (Neubauer, 2003).
Kahn (2000)
:
« En mai 1998, dans le journal Psychological Science […] Les auteurs en
concluaient qu’un gène intervenant dans l’intelligence est porté par le
chromosome 6 et est situé à proximité de la séquence polymorphe. Tous les
généticiens savent l’extrême prudence avec laquelle il convient d’accueillir de
tels résultats. Ce sont des approches similaires qui ont conduit, dans le
passé, à des conclusions ensuite démenties portant sur la localisation de gènes
dans les maladies psychiatriques et dans l’homosexualité masculine ».
Jacquard (2002):
« c’est à propos de l’intelligence que se pose avec plus d’acuité la
question de l’inné et de l’acquis. Pour des raisons idéologiques, il est
tentant d’admettre que toute activité résulte des dons de la nature, ou au
contraire que l’essentiel résulte de l’aventure vécue. L’expérience idéale pour
trancher entre ces deux thèses serait de comparer des vrais jumeaux élevés dans
des conditions très différentes. Mais le nombre des cas observés avec
rigueur est trop faible pour permettre une conclusion. Une étude bien
documentée a été publiée par l’INSERM, un institut français de recherche.
Trente cinq enfants de statut social très bas et adoptés par des familles de
niveau élevé ont été suivis tout au long de leur scolarité, et leurs parcours
ont été comparés à ceux de leurs trente-neuf frères et sœurs restés dans leurs
familles d’origine. Parmi les premiers, un seul échec scolaire grave a été
constaté, parmi les seconds, douze. Il est clair que le développement
intellectuel conditionnant l’insertion dans la société dépend plus des
conditions de vie des enfants que de leur patrimoine génétique. Les gènes
peuvent être responsables de cas pathologiques, mais ils n’ont guère
d’influence sur la construction fine de l’intelligence ».
Jeannerod : « on prend un concept aussi global,
aussi multifactoriel que l’intelligence, on le ramène à un seul facteur par des
artifices statistiques, ensuite on cherche sa transmission génétique et on fait
des banques du sperme pour Prix Nobel ! » (Oliva, 1995).
Giordan (1998) : « Il faut envisager l’apprendre dans un
double mouvement, du biologique au social et du social au biologique, ce qui
permet de dépasser aisément les querelles habituelles sur l’inné et l’acquis.
C’est de leur interaction que naît cette caractéristique de la pensée humaine
que l’on nomme intelligence ».
A ceux qui disent que
l’intelligence n’est pas du tout génétique mais uniquement acquise, il faut
sans cesse rappeler que la genèse du cerveau est déterminée par les gènes et
son épigenèse est le résultat d’interaction entre le génome et l’environnement.
Pour
connaitre les conceptions des professeurs tunisiens sur l`origine de
l`intelligence, j`ai posé la question
suivante dans une enquête:
*
Y a-t-il une prédisposition génétique chez les parents qui induirait leurs
enfants à être très bons à l’école ?
1
OUI 1 NON
Justifiez
votre réponse.
Contrairement à ce qu`on attendait, les
résultats collectés ont montré qu`un tiers des personnes interrogées croient
que l’intelligence est héréditaire (35,2 % ou 98/275). Ceci pourrait
s’expliquer par l’impact de l’enseignement scolaire (dominance du paradigme du
« tout génétique ») combiné à l’effet des medias qui véhiculent une
idéologie déterministe. Par contre on sait maintenant que l’intelligence se
construit en fonction de l’expérience individuelle par interaction entre
l’environnement et le génotype.
Dans
ce qui suit, en plus de l`intelligence, nous allons poser le problème de
l`agressivité humaine et nous allons voir si elle est inscrite dans nos gènes
dès la naissance ou elle est
épigénétique ?
Source: Le système
éducatif au banc des accusés ! « Les professeurs ne comprennent pas que
leurs élèves ne comprennent pas », Mohamed Kochkar, 2014, pp. 109-114
(Pour ceux ou celles qui souhaitent bénéficier d’une copie électronique, il
suffit d’envoyer son mail).
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