Penseur libre en Islam.
Entretiens avec Gwendoline Jarczyk, Mohammed Talbi, cérès éditions, Tunis 2013, 422 pages.
Page 340: Je considère le
texte coranique et prends par exemple un commandement du Coran tel que celui-ci :
Versets 5 :38 : « Le voleur et la voleuse, à tous deux coupez la
main, en punition de ce qu’ils se sont acquis un châtiment de Dieu. Dieu est
puissant et sage…». Ces paroles figurent textuellement dans le Coran. Or, couper
la main du voleur est devenu l’emblème de l’islam quand on le regarde de
l’extérieur. On s’écriera donc : l’islam, c’est cela ! Je sais
pertinemment que l’ablation de la main, comme sanction du délit du vol ; a
bel et bien été pratiquée au temps du Prophète. Mais je sais également que, en
une année de sécheresse, un disciple du Prophète, le deuxième calife
précisément, décréta que l’on ne couperait pas la main des voleurs, la
population se trouvant dans une nécessité telle que certains ne pouvaient s’empêcher
de voler pour subsister. Autrement dit, le fait de couper la main du voleur est
une affaire circonstancielle, une loi empruntée d’ailleurs à la Bible et du
code de Hammourabi (1793-1750 av. J.-C.). Le deuxième calife, proche du
Prophète et connaissant son esprit et sa mentalité, avait donc suspendu cette
loi, dans la mesure où les circonstances faisaient qu’elle était inapplicable.
Page 342: Passons surtout au
verset suivant, 5 :39 : « … Mais quiconque se repent, après
avoir causé du tort, et fait preuve de bonne conduite, Dieu accepte son
repentir. Dieu est absoluteur et miséricordieux » Ce verset est d’une
évidence telle que je me demande comment la sanction mutilante par ablation de
la main a pu se maintenir, et trouve encore des défenseurs. Dieu nous dit
clairement que le repentir suspend, voire annule la sanction. Le but n’est pas
de faire des manchots. Le but est d’amender. Celui qui se réforme, « fait
preuve de bonne conduite » (aslaha), redevient un bon citoyen, « Dieu
accepte son repentir ». En somme, Dieu accepte son repentir et pas le
théologien-juriste qui a fabriqué la charia car il va contre Dieu. Dieu aime
les hommes, ce qu’il veut c’est qu’ils s’amendent. « Il est absoluteur et
miséricordieux », alors que ne l’est pas le théologien-juriste qui nous a
légué la charia, et celui qui lui emboîte aveuglément le pas, se soumettant à
l’autorité des anciens au lieu d’être à chaque instant, dans le hic et nunc, à
l’écoute de Dieu.
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