lundi 21 décembre 2015

À certains de mes amis adeptes du marxisme. Citoyen du Monde Mohamed Kochkar

À certains de mes amis adeptes du marxisme. Citoyen du Monde Mohamed Kochkar

Bonjour, samedi 23 juillet 2005, Université Claude Bernard, Lyon 1, laboratoire de Didactique des sciences, bâtiment « La Pagode ».

Je vous écris pour mettre les points sur les « i ». A 53 ans j’ai perdu plusieurs amis et je ne veux pas vous perdre malgré les divergences qui nous séparent. Je vais vous les énumérer ces différences au lieu de bredouiller des banalités au café. Notre différend est plus complexe que vous ne le croyez, il se situe à un niveau supérieur. Vous, vous me cherchez, moi j’essaye de vous éviter avec toute la sagesse possible. Nos chemins sont divergents et ne se rencontreront jamais mais on peut les faire en parallèle si vous voulez bien qu’on les fasse.

-      Je cherche la vérité, vous, vous l’avez déjà trouvée à la faculté.
-      Vous, vous militez pour une cause, moi je cherche ma cause.
-      Je suis un humble citoyen, vous, vous êtes des figures connues. C’est pourquoi d’ailleurs je me réserve le droit de vous critiquer en votre présence et en votre absence.
-      Moi, si je me trompe un peu, vous vous trompez plus car vous êtes des activistes.
-      Vous, vous voulez libérer la terre, moi j’espère me libérer avec les hommes.
-      Vous, vous avez confiance dans  les organisations de libération armées, moi j’ai perdu cette confiance.
-      Vous, vous êtes pour la révolution violente, moi je suis pour le changement conceptuel pacifique progressif.
-      Vous, vous êtes convaincu, moi je ne le suis pas et je ne le serai jamais.
-      Vous, vous portez le marxisme dans vos cœurs, moi je le critique.
-      Vous, vous êtes faits prisonniers du paradigme marxiste, moi je m`y suis évadé depuis longtemps.
-      Pour vous, Marx a remplacé Dieu, pour moi ni Marx ni Maître.
-      Vous l’organisation, moi le hasard et l’émergence.
-      Vous une cause un effet, moi mille causes mille effets.
-      Vous le déterminisme, moi l’épigenèse.
-      Vous les professionnels, moi l’amateur.
-      Vous la confrontation, moi faire avec les conceptions non scientifiques pour aller contre.
-      Vous, vous aimez ou vous sympathisez avec les dictateurs (lénine, mao, nasser, ho, castro, arafat, rintissi, etc.), moi je les critique.
-      Vous, vous avez un projet, moi je suis entrain de le construire.
-      Vous, vous avez conservé  le marxisme  intact, moi je n’ai gardé de lui que la dialectique (L`interaction et l`émergence) et le constructivisme marxiste nourri de celui de Piaget.
-      Vous, vous êtes nationalistes, moi je ne suis pas raciste.
-      Vous, vous êtes cartésiens rationnels, moi je ne suis plus dualiste.
-      Vous, vous êtes des soldats en puissance, moi je suis contre la guerre.
-      Vous, vous avez une idéologie, moi je n’en ai plus.
-      Vous, vous êtes dans un parti, moi je suis anti-parti.
-      Vous, vous êtes sûrs de vous-mêmes, moi je ne suis sûr de rien.
-      Vous, vous n’avez plus d’héros, vous glorifiez ceux des autres.
-      Vous, vous êtes pour un état dictateur, moi je suis contre.
-      Vous, vous êtes à l’aise, vous faites la guerre par procuration, vous n’avez pas le courage de la faire vraiment, vous pouvez si vous le voulez, rien ne vous empêche d’aller en Irak comme le font vos nouveaux héros, moi je ne veux pas la faire ni par procuration ni directement car je sais par expérience intellectuelle que la violence n’apporte que la violence et on ne peut rien attendre d’un bougre soldat qui se précipite derrière « allaho akbar ». Peut-on changer les conceptions des gens par le klachinkof ?

Est-ce que le changement peut se faire aussi facilement comme vous le préconisez? « À un mauvais discours, on répond par un bon discours et non par la violence » « je ne suis pas là pour vous convaincre par des arguments, loin de ça, d’ailleurs je m’en balance, mais je suis là pour vous inviter à essayer autre chose » « le débat, noir ou blanc, est dépassé. C’est la mode des nuances » « l’interaction est un concept joker, on peut le mettre partout, il résout toutes les           difficultés insurmontables ».

Ma signature
« Pour l`auteur, il ne s’agit pas de convaincre par des arguments ou des faits, mais, plus modestement, d’inviter à essayer autre chose » (Michel Fabre & Christian Orange, 1997).
« À un mauvais discours, on répond par un bon discours et non par la violence » (Le Monde Diplomatique).
Einstein disait :"On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l'ont engendré."
Ma devise principale : « Faire avec les conceptions non scientifiques (elles ne sont pas fausses car elles offrent pour ceux qui y croient un système d`explication qui marche) pour aller contre ces mêmes conceptions et simultanément aider les autres à auto-construire leurs  propres conceptions scientifiques ».
Mon public-cible: les gens du micro-pouvoir (Foucault) comme  les enseignants, les policiers, les artisans, les médecins, les infirmiers, les employés de la fonction publique, etc.



Date de la première publication on line : Hammam-Chatt, mardi 22 décembre 2015 (Lettre ouverte rédigée le samedi 23 juillet 2005, Université Claude Bernard, Lyon).

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