À certains de mes amis adeptes du marxisme. Citoyen du Monde Mohamed Kochkar
Bonjour, samedi 23 juillet 2005, Université Claude Bernard,
Lyon 1, laboratoire de Didactique des sciences, bâtiment « La Pagode ».
Je vous écris pour mettre les points sur les « i ».
A 53 ans j’ai perdu plusieurs amis et je ne veux pas vous perdre malgré les
divergences qui nous séparent. Je vais vous les énumérer ces différences au
lieu de bredouiller des banalités au café. Notre différend est plus complexe
que vous ne le croyez, il se situe à un niveau supérieur. Vous, vous me
cherchez, moi j’essaye de vous éviter avec toute la sagesse possible. Nos
chemins sont divergents et ne se rencontreront jamais mais on peut les faire en
parallèle si vous voulez bien qu’on les fasse.
- Je cherche la
vérité, vous, vous l’avez déjà trouvée à la faculté.
- Vous, vous
militez pour une cause, moi je cherche ma cause.
- Je suis un
humble citoyen, vous, vous êtes des figures connues. C’est pourquoi d’ailleurs
je me réserve le droit de vous critiquer en votre présence et en votre absence.
- Moi, si je me
trompe un peu, vous vous trompez plus car vous êtes des activistes.
- Vous, vous
voulez libérer la terre, moi j’espère me libérer avec les hommes.
- Vous, vous
avez confiance dans les organisations de
libération armées, moi j’ai perdu cette confiance.
- Vous, vous
êtes pour la révolution violente, moi je suis pour le changement conceptuel
pacifique progressif.
- Vous, vous
êtes convaincu, moi je ne le suis pas et je ne le serai jamais.
- Vous, vous
portez le marxisme dans vos cœurs, moi je le critique.
- Vous, vous
êtes faits prisonniers du paradigme marxiste, moi je m`y suis évadé depuis
longtemps.
- Pour vous,
Marx a remplacé Dieu, pour moi ni Marx ni Maître.
- Vous
l’organisation, moi le hasard et l’émergence.
- Vous une cause
un effet, moi mille causes mille effets.
- Vous le
déterminisme, moi l’épigenèse.
- Vous les
professionnels, moi l’amateur.
- Vous la
confrontation, moi faire avec les conceptions non scientifiques pour aller
contre.
- Vous, vous
aimez ou vous sympathisez avec les dictateurs (lénine, mao, nasser, ho, castro,
arafat, rintissi, etc.), moi je les critique.
- Vous, vous avez
un projet, moi je suis entrain de le construire.
- Vous, vous
avez conservé le marxisme intact, moi je n’ai gardé de lui que la
dialectique (L`interaction et l`émergence) et le constructivisme marxiste
nourri de celui de Piaget.
- Vous, vous
êtes nationalistes, moi je ne suis pas raciste.
- Vous, vous
êtes cartésiens rationnels, moi je ne suis plus dualiste.
- Vous, vous
êtes des soldats en puissance, moi je suis contre la guerre.
- Vous, vous
avez une idéologie, moi je n’en ai plus.
- Vous, vous
êtes dans un parti, moi je suis anti-parti.
- Vous, vous
êtes sûrs de vous-mêmes, moi je ne suis sûr de rien.
- Vous, vous n’avez
plus d’héros, vous glorifiez ceux des autres.
- Vous, vous
êtes pour un état dictateur, moi je suis contre.
- Vous, vous êtes
à l’aise, vous faites la guerre par procuration, vous n’avez pas le courage de
la faire vraiment, vous pouvez si vous le voulez, rien ne vous empêche d’aller
en Irak comme le font vos nouveaux héros, moi je ne veux pas la faire ni par
procuration ni directement car je sais par expérience intellectuelle que la
violence n’apporte que la violence et on ne peut rien attendre d’un bougre
soldat qui se précipite derrière « allaho akbar ». Peut-on changer
les conceptions des gens par le klachinkof ?
Est-ce que le changement peut se faire aussi
facilement comme vous le préconisez? « À un mauvais discours, on répond
par un bon discours et non par la violence » « je ne suis pas là pour
vous convaincre par des arguments, loin de ça, d’ailleurs je m’en balance, mais
je suis là pour vous inviter à essayer autre chose » « le débat, noir
ou blanc, est dépassé. C’est la mode des nuances » « l’interaction
est un concept joker, on peut le mettre partout, il résout toutes les difficultés
insurmontables ».
Ma signature
« Pour l`auteur, il ne
s’agit pas de convaincre par des arguments ou des faits, mais, plus
modestement, d’inviter à essayer autre chose » (Michel Fabre &
Christian Orange, 1997).
« À un mauvais discours, on répond par un bon discours et non par la
violence » (Le Monde Diplomatique).
Einstein disait :"On ne
résout pas un problème avec les modes de pensée qui l'ont engendré."
Ma devise
principale : « Faire avec les conceptions non scientifiques (elles ne
sont pas fausses car elles offrent pour ceux qui y croient un système
d`explication qui marche) pour aller contre ces mêmes conceptions et simultanément
aider les autres à auto-construire leurs propres conceptions scientifiques ».
Mon public-cible: les gens
du micro-pouvoir (Foucault) comme les enseignants, les policiers, les
artisans, les médecins, les infirmiers, les employés de la fonction publique,
etc.
Date de la première publication on line : Hammam-Chatt, mardi 22 décembre 2015 (Lettre ouverte rédigée le samedi 23 juillet 2005, Université
Claude Bernard, Lyon).
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