samedi 14 février 2015

Notre école tunisienne publique et privée a réussi à enseigner à nos enfants des connaissances sans valeurs ! Citoyen du Monde Dr Mohamed Kochkar, Coordinateur Général Pédagogique de l’Ecole Montessori Internationale Tunisie - H-Lif

Notre école tunisienne publique et privée a réussi à enseigner à nos enfants des connaissances sans valeurs ! Citoyen du Monde Dr Mohamed Kochkar, Coordinateur Général Pédagogique de l’Ecole Montessori Internationale Tunisie - H-Lif

Notre école tunisienne publique et privée (excepté à ma connaissance  l`Ecole Montessori Internationale) a inculqué à nos enfants durant un demi-siècle des valeurs antisociales et détruit chez eux les valeurs positives acquises spontanément dans leurs milieux naturels respectifs avant l`âge de 6 ans:
1.     L`école tunisienne publique et privée a détruit l`osmose mentale naturelle  qui existait chez les enfants de moins de six ans : Un enfant de cinq ans est capable de faire comprendre quantité de choses à un enfant de trois ans. Elle l`a remplacée par l`autorité pesante et non collaboratrice des maîtres.

2.     L`école tunisienne publique et privée a éveillé chez les enfants de plus de six ans l`envie qui n`existait pas  avant six ans : « Celui-ci a le premier prix, et cet autre a un zéro. ».

3.     L`école tunisienne publique et privée a freiné l`élan de solidarité chez les enfants et a mis fin à l`esprit d`initiative personnelle que peut entreprendre chacun d`entre eux : Montessori, 2010, p. 184, a écrit : «les maîtres ne permettent pas aux plus intelligents d`enseigner aux plus faibles et obligent les premiers à se borner à répondre quand les seconds ne savent pas. (…) On craint que l`enfant de cinq ans, occupé à enseigner, ne puisse pas apprendre à son tour ; mais tout d`abord, il n`enseigne pas tout le temps ; sa liberté est respectée ; ensuite, il perfectionne, en enseignant, ce qu`il sait déjà : il lui faut analyser et remanier son petit patrimoine de science pour le passer aux autres ; il voit ainsi les choses avec plus de clarté, et il est récompensé par l`échange. »

4.     L`école tunisienne publique et privée a développé chez les enfants des  sentiments déprimants et antisociaux  à la place des sentiments de fraternité, d`amour et d`admiration déjà existants: dans la classe, l`enfant intelligent devient alors vaniteux ; il acquiert un sentiment de supériorité sur les autres :
Montessori, 2010, p. 196, a écrit : «Si, pendant toute la période de l`éducation, la rivalité, l`émulation, l`ambition ont été encouragées, comment attendre que des gens qui ont grandi dans cette atmosphère soient “bons” a vingt ou trente ans, seulement parce que quelqu`un leur a prêché la bonté ? Moi, je dis que c`est impossible, puisqu`aucune préparation n`a été faite à la vie spirituelle »
Ça pourrait alors être possible dans une école Montessori, où l`enfant de cinq ans se sent un protecteur pour son camarade plus jeune. Essayez s`il vous plaît d`imaginer combien cette atmosphère montessorienne d`affection et d`admiration augmenterait si elle a été encouragée, amplifiée et approfondie par notre école primaire : la classe deviendrait un groupe cimenté par l`affection. Les enfants finiraient par connaître leurs caractères réciproques et s`apprécieraient mutuellement. Les qualités sociales positives chez les enfants ne peuvent se construire que dans un milieu Montessori où règne liberté, fraternité et solidarité. Une ambiance où les relations entre éducateurs et apprenants sont régies par le respect et la reconnaissance réciproques.

5.     L`école tunisienne publique et privée a cloisonné les niveaux et les disciplines enseignées : le niveau 1 est rigidement séparé du niveau 2, les disciplines scientifiques sont séparées des disciplines littéraires, de sorte que les écoliers de sept ans ne peuvent pas aller chercher des suggestions dans la classe des huit ans et les apprenants scientifiques du lycée n`ont pas la possibilité de fréquenter en classe leurs pairs littéraires. Par contre, dans une école Montessori internationale, les cloisons ne sont que des demi-cloisons, et il est toujours facile d`accéder d`un niveau à l`autre, si bien que les petits écoliers sont libres d`aller en avant ou de faire un retour en arrière et les lycéens littéraires libres d`assister aux expériences dans les laboratoires de leurs camarades scientifiques.

6.     L`école tunisienne publique et privée n`encourage pas le travail en équipe entre les apprenants voire elle en est hostile : Elle isole les enfants de la même classe dans des tables monoplaces, ne leur permet pas de travailler en groupe sur un projet commun et leur interdit même de s`entraider en cours. Elle n`a laissé le choix aux apprenants qu`entre égoïsme ou voyeurisme et finit parfois par renvoyer injustement et définitivement un récidiviste de fraude sans s`attarder sur les causes réelles de ce phénomène scolaire international.
Montessori, 2010, p. 196, a écrit : « A l`école, il n`est pas permis de copier et l`on considère comme une faute d`aider un camarade plus faible ; l`écolier qui aide son camarade en détresse est considère comme coupable au même titre que celui qui accepte cette aide ; ce n`est pas ainsi que se forme l`union ; c`est imposer là un principe de morale qui abaisse le niveau normal. »

7.     L`école tunisienne publique et privée a instauré un système d`évaluation traumatisant pour l`élève : les apprenants sont condamnés à vivre sous l`épée de Damoclès durant toute leur vie scolaire. De plus les enseignants-évaluateurs sont investis d`un pouvoir sans en avoir les compétences nécessaires : ils n`ont jamais étudié à la faculté les sciences de l`évaluation.

8.     L`école tunisienne publique et privée a banalisé le mépris des enfants faibles ou en difficulté par les enseignants: « âne, stupide, sot, bougre, vilain, sale, méchant, paresseux, bête, dingue, etc. ». En général, les éducateurs sont recrutés et payés justement pour aider les élèves faibles ou en difficulté et non pour les insulter, offenser, humilier, avilir, briser ou mépriser. 
Montessori, 2010, p. 206, a écrit : «La volonté peut être brisée en un moment : son développement est un processus lent, qui se déroule à travers une activité continue en relation avec le milieu. La dévastation d`une usine peut survenir en quelques secondes par un bombardement ou par un tremblement de terre ; mais combien difficile en est la construction ! »
Jean-Jacques Rousseau a dit : « Donnez à l`enfant le désir d`apprendre et toute méthode sera bonne. » (L`Émile, 1792).

Conclusion
L`école tunisienne publique et privée est satisfaite de ses résultats médiocres car elle se contente de peu. Elle s`est donnée pour but d`enseigner des connaissances. L`école Montessori est beaucoup plus ambitieuse, elle enseigne des connaissances et des valeurs, elle construit l`enfant d`aujourd`hui et l`homme de demain. 

NB : Article largement inspiré de Maria Montessori, l`esprit absorbant de l`enfant, Desclée de Brouwer, 1959 ; 2010 pour la présente édition, 241 pages.

Ma signature  
« Pour l`auteur, il ne s’agit pas de convaincre par des arguments ou des faits, mais, plus modestement, d’inviter à essayer autre chose » (Michel Fabre & Christian Orange, 1997).
« À un mauvais discours, on répond par un bon discours et non par la violence » (Le Monde Diplomatique).


Date de la première publication on line : Hammam-Chatt, dimanche 15 février 2015.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire