mercredi 18 février 2015

L’enfance est une pluie toujours et partout fécondante : Profil de la maîtresse montessorienne? Maria Montessori

L’enfance est une pluie toujours et partout fécondante : Profil de la maîtresse montessorienne? Maria Montessori

Bibliographie : Extraits intégraux - recousus par moi-même - de Maria Montessori, l`esprit absorbant de l`enfant, Desclée de Brouwer, 1959 ; Paris 2010 pour la présente édition, 241 pages, p. 214.

Les compétences énumérées ci-dessous peuvent servir aussi aux éducateurs et éducatrices montessoriens du primaire, collège et lycée :
1.     Elle  doit obligatoirement lire Montessori car Montessori veut que l`enfant fasse de son mieux mais pas qu`il fasse mieux que l`autre.

2.     Elle doit étudier sa façon d`agir, se rendre aussi agréable que possible et comprendre l`enfant et le respecter.

3.     Elle  doit se détacher de tout préjugé quand au niveau auquel les enfants peuvent se trouver et doit avoir une espèce de foi que l`enfant se révélera grâce au travail.

4.     Elle doit laisser le champ libre aux enfants de faire des erreurs et apprendre par eux-mêmes à travers leurs expériences sans la crainte d`être réprimandés.

5.     Son devoir est de montrer la voie de la perfection, en apportant les moyens et en écartant les obstacles, à commencer par ceux qu`elle-même représente, car elle peut être un grand obstacle.
Avant que l`attention et la concentration se réalisent, il faut que la maîtresse se réprime elle-même, afin que l`esprit de l`enfant soit libre de s`épancher et de s`exprimer : l`importance de son devoir sera de ne pas interrompre l`effort. C`est le moment où se montre sa délicatesse morale acquise durant sa préparation.

6.     Elle  doit se rappeler que les réactions de défense de l`apprenant sont des obstacles à l`apprentissage, et que l`enfant doit s`en libérer lui-même. Les démonstrations d`affection qui se multiplient avec la multiplication des sottises de l`enfant qui dérange, seront pour elle comme une série d`électrochocs qui, avec le temps, produiront leur effet. Les interventions de la maîtresse peuvent se traduire par un : « Comment vas-tu, Jean ? Viens vers moi : j`ai quelque chose à te donner à faire. Il refusera probablement ; alors, la maîtresse dira : « ça ne te plait pas ? bien, ca ne fait rien, sortons un instant ensemble » ; et la maîtresse ira avec lui, ou le fera accompagner par son assistant ; et l`enfant qui taquinait passera directement aux soins de l`assistante- éducatrice ; les autres ne seront plus dérangés.

7.     Comme un médecin pour un malade, elle peut être pour l`enfant un metteur en scènes, un spectateur, un observateur, un serviteur, un accompagnateur discret, un aide pédagogique et un guide.
Elle  doit apprendre qu`il n`est pas facile d`être seulement un spectateur, et d`observer. Même pour assister et servir, il faut qu`elle observe, parce que la naissance de la concentration de l`enfant est délicate comme celui d`un germe sur le point d`éclore.
Elle  sent seulement qu`il sert, avec l`humble fonction de préparer le milieu et de se retirer dans l`ombre comme un metteur en scènes qui se retire quand les acteurs commencent à jouer devant le public.
Comme  la voix d`un guide affectueux et compatissant que chaque enfant semble entendre dans son for intérieur. La maîtresse doit alors répondre a la demande de chacun de ses apprenants par un mot d`approbation, encourager par un sourire.
Comme un serviteur, la maîtresse doit servir son maître, servir et servir bien, servir l`esprit de l`enfant, aidons-le à agir, à vouloir et à penser par lui-même. C`est l`art d`un serviteur de l`esprit, un art qui peut trouver parfaitement son activité auprès de l`enfant : quand celui-ci montre un désir, il doit être prompte à le satisfaire. Mais le serviteur ne va pas déranger son maître quand il est seul : il vient seulement quand il est appelé, écoute ce que l`on désire et répond : « Oui, monsieur. » Il admire si on lui demande d`admirer et dit : « C`est beau ! » même s`il ne voit aucune beauté. De même, quand un petit enfant fait un travail avec une grande concentration, nous nous devons pas l`interrompre, mais s`il semble désirer notre approbation, donnons-la lui généreusement.

8.     Elle doit respecter le rythme de chaque enfant, même si « respecter le rythme », ça ne veut pas dire laisser les apprenants lents travailler lentement et les apprenants rapides travailler rapidement… « respecter le rythme », c`est prendre les gens là où ils sont mais pour les aider à progresser.

9.     Elle  doit être capable de distinguer entre la vie sociale dans sa classe, fondée sur le travail et sur l`ordre, antithèse de l`instinct grégaire qui n`amène que le désordre collectif.

10.                       Quel est l`indice principal de réussite pour une maîtresse ainsi transformée ? Pouvoir dire : « Maintenant, les enfants travaillent comme si je n`existais pas. Avant la transformation, je sentais le contraire ; je sentais que j`étais celle qui enseignait, celle qui menait les enfants d`un niveau inférieur à un niveau supérieur. ». Satisfaite de son effort et de son altruisme, elle  dira un jour : « J`ai servi l`esprit de ces enfants, ils ont accompli leur développement et je les ai accompagnés dans leurs expériences. ». Ce que personne ne comprend, c’est qu’il n’est pas question de sacrifice, mais de satisfaction ; qu’il ne s’agit pas de renoncement, mais d’une vie nouvelle où les valeurs sont différentes, et où existent les valeurs véritables de la vie, jusqu’alors inconnues.

11.                       Dans une école Montessori, le niveau éducatif supérieur ne peut être atteint que si la justice entre enfants est véritablement réalisée. Et elle n’est réalisée que  lorsque la  maîtresse montessorienne essaie de faire atteindre le maximum de ses possibilités à chaque enfant. La justice, c’est donner à chaque être humain l’aide qui peut lui permettre d’atteindre sa pleine stature spirituelle (l’intelligence) et sa pleine personnalité (le talent), et seconder l’esprit aux moments où ses énergies peuvent lui permettre d’atteindre seul ces deux plénitudes. Ce devra être là l’organisation future de la société car tel est le pouvoir de l’enfant : chacun est proche de lui, quel que soit son idéal religieux ou politique, et tous l’aiment. Et de cet amour surgit la force d’unir les adultes. Quand on parle de l’enfant, les âmes s’adoucissent ; l’humanité entière participe à l’émotion qui émane de lui. Il est une source d’amour ; quand on s’approche de lui, on s’approche de l’amour. L’amour de l’adulte à l’enfant est une énergie renouvelable et éternelle que rien ne peut détruire.

12.                        Quand sa classe devient indisciplinée, la maîtresse montessorienne voit dans ce désordre le contrôle de quelque faute qu’elle a commise : elle la recherche et la corrige. La maîtresse de l’école traditionnelle considérerait cela comme une humiliation.

Signature  du Citoyen du Monde Dr Mohamed Kochkar, Coordinateur Général Pédagogique de l’Ecole Montessori Internationale Tunisie - H-Lif :
« Pour l`auteur, il ne s’agit pas de convaincre par des arguments ou des faits, mais, plus modestement, d’inviter à essayer autre chose » (Michel Fabre & Christian Orange, 1997).
« À un mauvais discours, on répond par un bon discours et non par la violence » (Le Monde Diplomatique).

Date de la première publication on line : Hammam-Chatt, jeudi 19 février 2015.


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