Comparaison
de deux concepts biologiques : « l’épigenèse » chez Henri Atlan,
1999 ; et « la maturation » chez Maria Montessori, 1959. Citoyen du Monde Dr Mohamed
Kochkar
« Maturation »,
c’est plus que « la somme exacte des effets du gène opérant en un
cycle limité en soi » (Kochkar :
En épigenèse, c`est « La fin du tout génétique », Henri Atlan, 1999).
Outre les effets du gène, le milieu sur lequel ils agissent a, lui aussi, une
part dominante dans la détermination de la maturation. En ce qui
concerne les fonctions psychiques, la maturation ne peut s’effectuer que grâce à
des expériences dans le milieu ; ces expériences varient selon les différentes
phases de développement ; l’horme1 change de structure pendant
le processus de croissance, et se manifeste dans l’individu avec un intérêt
particulier pour certaines activités répétées sans utilité apparente ;
mais, de ces activités répétées, se révèle brusquement une fonction nouvelle,
de façon explosive (Kochkar : En épigenèse, c’est
l’interaction entre les facteurs innés et les facteurs acquis qui fait émerger
un caractère nouveau non préétabli, c’est à dire 100% proviennent du gène et
100% proviennent du milieu environnant. Le débat entre l’inné et l’acquis est
un débat dépassé, Albert Jacquard.).
Ainsi,
le modèle pour cette fonction a été construit par une maturation qui n’a pas
été visible de l’extérieur (Kochkar : En épigenèse, c’est au niveau
microscopique sur le cortex cérébral qu’on pourrait le voir par imagerie
médicale où les réseaux neuronaux se configurent selon les expériences
vécues.), parce que ces activités répétées ne semblaient avoir aucune relation
directe avec la fonction à laquelle elle a donné naissance ; mais dès que
la fonction commence, ces activités sont abandonnées, l’intérêt conscient de
l’enfant passant à d’autres activités qui prépareront un autre mécanisme (Kochkar : dans l’épigenèse,
c’est le tour à d’autres réseaux neuronaux de se configurer). Si l`enfant est
tenu éloigné de la possibilité de ces exigences au moment où la nature les lui
destine, la sensibilité spéciale qui les stimule s`évanouira ; son développement,
comme sa maturation, en seront troubles.
Si
nous considérons la définition la plus large de maturation apportée dans un récent
texte de psychologie : « la maturation consiste en changements
structuraux qui sont en grande partie héréditaires, c`est-à-dire qui ont leur
origine dans les chromosomes de l`œuf fécondé, mais qui sont aussi, en partie,
le produit d`une activité d`échanges de l`organisme et de son milieu » (Kochkar:
c`est le principe même de l`épigenèse mais sans partition) - et si nous interprétons
ce texte d`après nos constatations personnelles, nous pouvons dire que nous
sommes nés avec un stimulant vital (horme) déjà organisé dans la
structure générale de l`esprit absorbant, et que sa spécialisation et sa
différenciation sont annoncées dans les nébuleuses.
Cette
structure change pendant l`enfance selon la direction de ce que nous avons appelé,
d`après le terme de Hugo Vries, les périodes sensibles. Ces structures qui
guident la croissance et le développement psychique, c`est-a-dire l`esprit
absorbant, les nébuleuses et les périodes sensibles avec leurs mécanismes,
sont héréditaires et caractéristiques de l`espèce humaine. Mais leur
réalisation ne peut s`accomplir qu`a travers une libre activité dans le milieu.
(…) Si l`on considère que la destinée de l`homme n`est pas préétablie et que, pour l`enfant, il n`est pas question de réveil, mais de véritable création psychique, on comprendra combien le rôle du milieu est plus important encore pour le fils de l`homme. Sa valeur et son importance sont immenses, mais aussi les dangers qu`il peut présenter. D`où la grande attention que l`on doit porter au milieu qui entoure le nouveau-né, afin de lui en faciliter l`absorption, et pour qu`il ne développe pas des attitudes de régression, mais se sente, au contraire, attiré par le monde où il vient d`entrer. Le progrès, la croissance et le développement du petit en dépendent, puisqu`ils sont en relation directe avec l`attraction que peut offrir le milieu.
(…) Le mécanisme du
mouvement est donc très compliqué et très raffiné. Chez l`homme, il n`est pas préétabli
avant la naissance, il doit être construit et perfectionné grâce aux
expériences pratiques.
Notes de bas de
page :
1.
Horme : ce terme qui
peut être comparé à « l’élan
vital » de Bergson et à la « libido » de Freud.
Ma signature
Pour le
critique, « il ne s’agit pas de convaincre par des arguments ou des faits,
mais, plus modestement, d’inviter à essayer autre chose », Michel Fabre
& Christian Orange, 1997
À un mauvais discours, on répond par
un bon discours et non par la violence, Le Monde Diplomatique
Date de la première
publication on line : Hammam-Chatt, le 5
février 2015.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire