mercredi 25 février 2015

La fraude dans les examens scolaires aux écoles publiques: Il me parait que l’élève n’est pas le premier et le seul responsable. Citoyen du Monde Dr Mohamed Kochkar, Coordinateur Général Pédagogique de l’Ecole Montessori Internationale Tunisie - H-Lif

La fraude dans les examens scolaires aux écoles publiques: Il me parait que l’élève n’est pas le premier et le seul responsable. Citoyen du Monde Dr Mohamed Kochkar, Coordinateur Général Pédagogique de l’Ecole Montessori Internationale Tunisie - H-Lif

Premièrement, faisons un bref rappel des mesures disciplinaires répressives appliquées actuellement en Tunisie : l’élève soupçonné de fraude est conduit devant le conseil de discipline du lycée, s’il est coupable, il est renvoyé du lycée de  4 à 15 jours et en cas de récidive, la punition  sera plus lourde : le renvoi définitif du lycée. L’élève a le droit de se défendre mais sans avoir recours à un avocat malgré le sévère jugement qu’il pourrait encourir.
Deuxièmement, essayons de donner à la fois un aperçu sur les causes objectives de la fraude et sur les alternatives scientifiques proposées :
1.     Les classes nombreuses : est-ce que c’est logique de mettre 40 élèves dans une salle conçue pour 20 et interdire à chacun de regarder la feuille de son compagnon de table ? Est-ce que à l’élève qu’incombe la responsabilité des classes nombreuses ?

2.     La façon de poser les questions : où est le mal si un élève prépare au préalable une  vraie « fausse copie » remplie de citations dans un examen de rédaction arabe ou remplie de formules dans un examen de mathématiques ou physique? Il vaut mieux évaluer l’élève sur la mobilisation de connaissances et non seulement sur leur mémorisation. La mémorisation est réhabilitée dans l’enseignement moderne mais elle ne doit pas accaparer tout l’apprentissage.


3.     Le contenu anachronique  des programmes : pourquoi impose-t-on à l’élève des programmes qui ne prennent pas en compte ses préoccupations ? Il serait plus correct pédagogiquement de demander l’avis des élèves avant de concevoir les programmes officiels.

4. Le béhaviorisme de Watson et Skinner : durant tout le cursus scolaire, l’élève apprend par stimulus et réponse et par sanction et récompense. On détermine son avenir à sa place et on le traite comme un rat dans un labyrinthe dont nous, seuls,  connaissons les issues. Notre  élève ne cesse de crier fort un slogan célèbre « votre marchandise vous est rendue ». Cette école béhavioriste a réussi à former des générations qui ne savent pas prendre d’initiatives.
Il serait préférable d’opter pour le socioconstructivisme de Montessori (« aidez moi à faire seul »), Piaget et Vygotsky qui aide à l’élève à apprendre tout seul surtout dans le monde de l’informatique où l’élève pourrait bien dépasser son professeur en connaissances dans certains domaines comme l’informatique. L’école socioconstructiviste formerait un apprenant capable de construire son savoir avec l’aide de ses pairs et l’accompagnement de son  éducateur. Le socioconstructivisme pourrait provoquer un changement conceptuel chez les éducateurs à propos de leur relation avec les élèves. L’élève n’est pas un vase vide qu’il suffit de remplir mais un individu qui réfléchit et peut avoir un point de vue  indépendant et différent de son maître.

5. La pédagogie par objectif : les concepteurs des programmes décident, les professeurs exécutent sans prendre en considération les conceptions des élèves sur un concept enseigné. Nous nous  interrogeons ici : Est-ce que c’est la leçon du concepteur du programme ou celle du professeur ou celle de l’élève ?
Il serait souhaitable d’appliquer la pédagogie du projet, le projet scientifique interdisciplinaire, choisi et exécuté par l’élève au sein d’une équipe. Cette équipe d’élèves  soutiendra à la fin de l’année son projet devant un jury et un public scolaire. De cette façon nous n’aurons plus besoin de surveiller l’élève, nous éradiquons la fraude à la  racine et nous formerons un citoyen sûr de lui-même et de ses coéquipiers.
Permettez-moi de vous décrire la scène que j’ai vécue dans un lycée à Nancy en France: J’ai assisté à une soutenance des élèves de 3ème science (un an avant le bac) : les élèves, sur la scène, défendent leur projet devant un jury en utilisant les nouvelles technologies. Croyez-moi, on dirait des doctorants qui soutiennent leur thèse. Ils ont travaillé pendant un an, en équipe, au laboratoire du lycée et chez eux. Ils ont cherché les connaissances dans les livres, les encyclopédies et Internet. Ensuite, ils ont mobilisé leurs connaissances pour essayer de trouver des solutions pertinentes à  un problème actuel comme  par exemple « l’effet des pluies acides sur les plantes ». Ils ont appris les abc de la recherche scientifique et le travail avec les autres.
En conclusion, les moyens scientifiques pour lutter contre la fraude existent mais les responsables et les enseignants ne voient que la punition  qu’ils font subir à l`élève, le maillon le plus faible d’une chaîne de coupables.


Ma signature  
« Pour l`auteur, il ne s’agit pas de convaincre par des arguments ou des faits, mais, plus modestement, d’inviter à essayer autre chose » (Michel Fabre & Christian Orange, 1997).

« À un mauvais discours, on répond par un bon discours et non par la violence » (Le Monde Diplomatique).

Date de la première publication on line : Hammam-Chatt, mercredi 25 février 2015.



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