Une misogynie
transparaît dans les écrits de nombreux théoriciens sunnites ! Yadh Ben
Achour
Source bibliographique
Aux fondements de
l’orthodoxie sunnite, Yadh Ben Achour, Cérès éditions, 2009, Tunis, 297 pages
Page 237
Ce type de
représentation peut aboutir à une misogynie certaine. Cette dernière transparaît
dans les écrits de nombreux théoriciens sunnites, en particulier Ghazâlî et Ibn
al Jawzî. Sur le mariage, l’amour, l’appétit sexuel, l’auteur de l’Ihyâ.
. . adopte des points de vue dévalorisants, toujours sur la base que la femme
et l’amour détournent de Dieu, au même titre que les passions et la richesse,
du jeu ou de la gourmandise. Par voie de conséquence, il adopte, pour les
femmes, une éthique de la claustration. Ibn al Jawzî consacre un ouvrage aux
règles du shar’ sur les femmes, ahkâm a-nisâ’. Il reprend à son
compte l’éthique de la claustration. Cela montre clairement qu’il faut revoir
l’idée selon laquelle l’islamisme des temps présents n’a rien à voir avec
l’islam. Les hanbalites sous les Abbasides, les Almohades, les talibans, les
wahhabites, tous ces courants fondamentalistes expriment une lecture possible.
C’est toujours l’idée de revivification qui prévaut, lorsque la dégradation des
mœurs devient intolérable pour l’esprit croyant intégral
En tout état de cause, pou tous
ceux-là, l’affaire est entendue. Le verset 34 de la sourate des Femmes est
affirmatif : « Aux hommes est reconnu un droit de regard sur les
femmes ; ce droit est fondé sur les avantages que Dieu a conféré aux
hommes, et il fait pendant aux charges de famille qui leur sont imposées. Les
femmes vertueuses restent fidèles à leurs époux absents, et maintiennent intact
ce que Dieu a prescrit de conserver. Pour celles que vous craignez
l’inconduite, vous pourrez les blâmer, les éloigner de votre couche, les
corriger même (note de bas de page 2 : Traduction quelque peu édulcorée.
En fait, il s’agit bien d’une permission de les battre (adhribûhunna)), si
besoin est. Si elles se font soumises, vous ne tenterez plus rien contre elles.
En vérité Dieu est très haut et très grand ! » (trad. Mazigh). Tabarî
explique que ce verset autorisant les peines correctives simplement légères fut
révélé à l’occasion d’une plainte adressée au Prophète par une femme giflée par
son époux. Le prophète ordonna d’abord le talion. Il se ravisa, après la
révélation de ce verset, disant : « j’ai voulu une sentence et Dieu
en a ordonné une autre. » A partir de ces éléments, un univers mental
inégalitaire, d’une incroyable densité, allait être élaboré par les architectes
du sunnisme, et en premier lieu par les codificateurs des hadiths
Les shaïkhân, les deux
maîtres, Bukhârî et Muslim, incorporent dans leurs recueils, des hadiths
concernant les droits de l’homme sur sa femme, la colère des anges du ciel
lorsqu’une femme se refuse à son époux ou provoque son courroux, le devoir
d’obéissance de l’épouse. Tirmidhî va plus loin. Il avance un hadith d’après
lequel le prophète aurait affirmé : « S’il m’avait été donné
d’ordonner à quelqu’un de se prosterner devant quelqu’un d’autre, j’aurais
ordonné à la femme de se prosterner devant son époux. » La liste de ce
genre de jugements est infinie. Inutile d’insister
La doctrine sunnite dominante du fiqh
porte clairement les marques de cette inégalité dans les domaines de la
sexualité, de la libre disposition du corps, de l’héritage où la femme compte
pour moitié, de la compensation pénale, du témoignage, du mariage, de la
répudiation, de la filiation et du nom , de la liberté de voyager et de se
rendre au pèlerinage, de la direction des prières (imâma) et, a
fortiori, de l’imamat suprême, interdites aux femmes. Si nous considérons
l’exemple du seul Maghreb, c’est l’école juridique malékite qui constitue cette
couverture savante de l’ordre sexuel et identitaire. Elle est représentée par
des personnalités natives de Kairouan, Tunis, Sfax, Fez, Marrakech, comme
Suhnûn, Ibn Abî Zaïd al Qaïrawâni, ‘Iyâdh, Lakhmî, Ibn ‘Arafa, Burzulî, Jazûlî,
Mâzirî, etc. cette tradition d’une extrême et rigide sévérité à l’égard des
femmes. Elle admet en effet le droit de contrainte matrimoniale, la prohibition
des emplois publics, l’exclusion de l’héritage des descendantes devant la
parenté agnatique, en sus des règles admises par toutes les écoles sunnites
Sans qu’il soit besoin d’y
adjoindre les strates constituées par la poésie des poètes et des conteurs, la
pyramide des normes est solide, massive et tenue pour vérité. C’est cette
pyramide que les réformistes, les modernistes et les libéraux ont tenté et
tentent encore aujourd’hui de faire tomber
Date de la première
rediffusion sur mon blog et mes deux pages facebook
C. M. Dr M. K.,
Hammam-Chatt, mardi 4 mars 2014
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire