Texte
du Guy Haarscher, p. 61: La
Grande Bretagne et le Danemark incarnent bien, pour leur part, la logique de
sécularisation… Mais une telle liberté ne constitue pas le seul élément libéral
face à une église établie : cette dernière s’est elle-même ouverte en même
temps que se libéralisait le reste de la société, et les grands combats pour la
liberté politique l’ont également traversée (Commentaire du
C. M. Dr. M. K : c’est ce que je souhaite de tout mon cœur à nos citoyens,
frères et amis, islamistes « sans église »)… L’église s’étant grosso
modo sécularisée au même titre que le reste de la société, ces pays ne se sont
pas trouvés confrontés à la nécessité de « séparer » de l’état une
institution qui aurait été perçue comme non libérale, c'est-à-dire globalement
opposée au processus d’émancipation de l’homme et du citoyen caractéristique de
la civilisation des droits de l’homme. Elle a donc conservé un statut
« officiel » qui n’est lui-même, bien entendu, pas sans ambiguïtés.
1.
La situation de la laïcité au
Royaume–Uni, p. 62:
-
Texte du Guy Haarscher: Vingt-six
archevêques et évêques représentent l’épiscopat anglican à la chambre des
lords ; les assemblées de l’église font partie des organes législatifs.
Mais, à l’inverse, l’église anglicane dépend de l’état : elle est soumise
à un certain contrôle parlementaire. L’église n’est pas
« d’état » à la différence de celle de Danemark, où elle constitue
l’un des départements de l’état. Et elle n’a (quasi) pas de privilèges par
rapport aux autres religions.
-
Commentaire du
C. M.: Je vois que c’est un peu comme chez nous en
Tunisie, à une différence près, on n’a pas d’église en islam, par contre, eux,
ils en ont chacun une, mais le point commun entre l’Angleterre, le Danemark et
la Tunisie se manifeste surtout dans le contrôle des affaires religieuses par
l’état dans les trois pays, mais à la
différence de celle de Danemark, la religion de l’islam est trop privilégiée en
Tunisie par rapport aux deux autres religions reconnues, le christianisme et le
judaïsme, sachant que les chrétiens et les juifs sont très minoritaires en
nombre en Tunisie.
-
Texte du Guy Haarscher: Un
élément curieux doit être noté ici : la loi sur le blasphème, qui concernait
à l’origine seulement l’anglicanisme, a été étendue aux autres églises
chrétiennes, mais pas, par exemple, à l’islam : c’est ce qui a
paradoxalement sauvé Rushdie de l’accusation de blasphème portée contre lui par
les islamistes. Dans l’arrêt Wingrove, la cour européenne des droits de l’homme
n’a pas contesté la compatibilité de cette loi avec la convention européenne
des droits de l’homme. En ce qui concerne l’enseignement, les écoles de
toutes les confessions sont subventionnées. Dans l’enseignement public,
l’éducation religieuse est assurée.
2.
La situation de la laïcité au
Danemark : page 63
-
Texte du Guy Haarscher: L’église
luthérienne « jouit du soutien de l’état », selon la constitution. Le
ministre des affaires ecclésiastiques la dirige, tandis que le parlement et la
Cour suprême en exercent les pouvoirs législatif et judiciaire. Les évêques et
pasteurs paroissiaux sont fonctionnaires. On peut être dispensé de l’impôt
d’église par une déclaration de non- appartenance. L’état civil est toujours assuré
par l’église luthérienne, tandis que onze autres religions sont reconnues, ce
qui signifie qu’elles sont subventionnées pour leurs activités sociales, mais
non pour leurs activités du culte lui-même. En fait aujourd’hui, c’est
paradoxalement pour mieux garantir la liberté religieuse que l’église
luthérienne est devenue église de l’état : ce dernier garantit le
pluralisme à l’intérieur de l’église luthérienne ainsi que l’indépendance des
croyants par rapport au clergé, et les pasteurs par rapport aux évêques. Il n’y
a pas donc de direction centrale de l’église : l’église est
« dans » l’état, elle s’est transformée en l’un des services publics
de l’état-providence.
-
Commentaire du
C. M.: Paradoxalement, nos laïques tunisiens, apparemment
trop impressionnés par le modèle de la laïcité française, veulent faire le chemin contraire du
Danemark, ils veulent séparer la
religion de l’état. Heureusement que notre religion, l’islam, n’a pas de
clergé, ni de direction centrale, ni d’aumôniers. A mon avis, elle est donc
laïque de nature (populaire, peuple = laos) depuis la création d’un état civil
embryonnaire par le prophète Mohamed, que Dieu le bénisse.
3.
La situation de la laïcité au
Suède, p. 64:
Texte du Guy Haarscher: La constitution suédoise de 1975 garantit la liberté
de conscience. L’église évangélique luthérienne était l’église officielle
jusqu’à la séparation de l’église et de l’état, qui est entrée en vigueur en
2000. Les églises reçoivent toujours des subventions de l’état.
4.
La situation de la laïcité en
Finlande, p. 64:
Texte du Guy Haarscher: La constitution suédoise garantit la liberté de
conscience. Il y a deux églises d’état, l’église luthérienne évangélique et
l’église orthodoxe (1 % de la population). Un enseignement relatif aux
religions d’état est donné à l’école publique, mais les élèves qui le veulent
peuvent le remplacer par un cours général de religion et de philosophie.
Conclusion:
Peut-on
impunément ramener la laïcité à une composante idéologique de la société alors
qu’elle devrait en constituer le fondement même?
Référence :
La laïcité, Guy Haarscher, Editions puf, collection
« que sais-je », Mayenne, 2010, 128 pages
Date
de la première publication sur le net: Hammam-Chatt, le 9 janvier 2013.
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