jeudi 9 juin 2016

La phobie de la révolution tunisienne. Écrit par Habib Ben Hmida (Retraité, ancien Prof de philo à la Sadikia) in préface de mon prochain livre (أفكر ولا أبالي)

La phobie de la révolution tunisienne.
Écrit par Habib Ben Hmida (Retraité, ancien Prof de philo à la Sadikia) in préface de mon prochain livre (أفكر ولا أبالي)

En nous imposant des choix inclusifs, sans nuances, la révolution fait peur. Révolutionnaire on l`est ou on ne l`est pas. Il n`y a pas de circonstances atténuantes pour un autre choix.
La phobie de la révolution est le propre de l`homme, enlisé dans la confusion et les sables mouvants du doute ; de cet être aveugle par l`immobilisme du désespoir ; la révolution nous met au centre de la mêlée, au cœur d`une bataille décisive entre le « le Bien et le Mal », entre l`humain et l`inhumain ; elle nous oblige à militer dans l`un des deux camps. Au contact des masses dans leur marche en avant ; notre adhésion devient impérative.
Dire non à la révolution, à son devoir, c`est dire oui au Pouvoir, oui à sa mauvaise volonté.
C`est ainsi que les êtres affolés par le mouvement ascendant des masses sont gagnés par la terreur et entrainés corps et âme dans la panique et la résignation.
La foule dans son élan révolutionnaire ne comprend pas l`attitude de ces êtres timides, frileux et lâches ; et dont la manie est de veiller jalousement à protéger leur conscience malheureuse et leur condition sociale mesquine de cette épidémie qui se propage instantanément sur le champ dans tout le corps social.
Ceux qui refusent « l`intoxication » par les masses, sont en réalité les seuls qui souffrent d`une aliénation totale qui les prive de toute action libératrice. L`endoctrinement par le Pouvoir et l`égoïsme extrême sont parfois incurables.
C`est pour cette raison que la révolution n`est pas une contagion, elle est au contraire un rayonnement de la liberté. Elle est une libération ; elle n`est pas non plus une faute, mais plutôt une action droite née dans la conscience collective et inspirée par des principes universels.
Il n`y a rien de tragique à vouloir un ordre nouveau, un ordre capable de réaliser les conditions du progrès nécessaire à l`innovation salutaire et vitale pour toute communauté humaine.
La révolution tunisienne a réalisé ce miracle : elle a rendu aux tunisiens leur dignité et leur pays.
Elle fut un miracle. Elle a brisé l`immobilisme pervers d`une dictature qui cultive, par le culte de la personnalité, le tabou du pouvoir absolu.
« Dégage » résume exactement la marche en avant des masses, qui par vagues successives ont réussi à ébranler un régime classé parmi les plus forts dans le monde arabe.
Celui qui doute de la révolution ressemble à l`étourdi qui cherche partout sa montre, et qui est dessus.
L`attente d`une révolution dans le futur lointain est encore une justification de ces maniaques qui cherchent midi à quatorze heures.
Enfin ceux qui font l`apologie de la révolution permanente n`ont rien compris à ce soulèvement de masse à la fois spontané et généreux, instantané et irréversible.
On ne séjourne pas dans la révolution, qui est l`apogée, le comble de l`irréversibilité, l`état précaire par excellence.
Le déterminisme est impuissant aussi à expliquer la liberté révolutionnaire en tant que surgissement, initiative du génie du peuple, inspiration presque divine, qui arrive et repart comme l`éclair et qui nous permet de sauter dans un autre monde.
La discontinuité est irréductible à la répétition, elle est une mutation soudaine qui nous fait renaitre et par laquelle nous retrouvons notre vocation rationnelle.



Date de la première publication sur mon Facebook, Citoyen du Monde Mohamed Kochkar, Docteur en épistémologie de l`enseignement (La Didactique de la Biologie): Hammam-Chatt, jeudi 9 juin 2016.



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