La phobie de la révolution
tunisienne.
Écrit par Habib Ben
Hmida (Retraité, ancien Prof de philo à la Sadikia) in
préface de mon prochain livre (أفكر ولا أبالي)
En
nous imposant des choix inclusifs, sans nuances, la révolution fait peur. Révolutionnaire
on l`est ou on ne l`est pas. Il n`y a pas de circonstances atténuantes pour un
autre choix.
La
phobie de la révolution est le propre de l`homme, enlisé dans la confusion et
les sables mouvants du doute ; de cet être aveugle par l`immobilisme du désespoir ;
la révolution nous met au centre de la mêlée, au cœur d`une bataille décisive
entre le « le Bien et le Mal », entre l`humain et l`inhumain ;
elle nous oblige à militer dans l`un des deux camps. Au contact des masses dans
leur marche en avant ; notre adhésion devient impérative.
Dire
non à la révolution, à son devoir, c`est dire oui au Pouvoir, oui à sa mauvaise
volonté.
C`est
ainsi que les êtres affolés par le mouvement ascendant des masses sont gagnés
par la terreur et entrainés corps et âme dans la panique et la résignation.
La
foule dans son élan révolutionnaire ne comprend pas l`attitude de ces êtres
timides, frileux et lâches ; et dont la manie est de veiller jalousement à
protéger leur conscience malheureuse et leur condition sociale mesquine de
cette épidémie qui se propage instantanément sur le champ dans tout le corps
social.
Ceux
qui refusent « l`intoxication » par les masses, sont en réalité les
seuls qui souffrent d`une aliénation totale qui les prive de toute action libératrice.
L`endoctrinement par le Pouvoir et l`égoïsme extrême sont parfois incurables.
C`est
pour cette raison que la révolution n`est pas une contagion, elle est au
contraire un rayonnement de la liberté. Elle est une libération ; elle
n`est pas non plus une faute, mais plutôt une action droite née dans la
conscience collective et inspirée par des principes universels.
Il
n`y a rien de tragique à vouloir un ordre nouveau, un ordre capable de réaliser
les conditions du progrès nécessaire à l`innovation salutaire et vitale pour
toute communauté humaine.
La
révolution tunisienne a réalisé ce miracle : elle a rendu aux tunisiens
leur dignité et leur pays.
Elle
fut un miracle. Elle a brisé l`immobilisme pervers d`une dictature qui cultive,
par le culte de la personnalité, le tabou du pouvoir absolu.
« Dégage »
résume exactement la marche en avant des masses, qui par vagues successives ont
réussi à ébranler un régime classé parmi les plus forts dans le monde arabe.
Celui
qui doute de la révolution ressemble à l`étourdi qui cherche partout sa montre, et
qui est dessus.
L`attente
d`une révolution dans le futur lointain est encore une justification de ces
maniaques qui cherchent midi à quatorze heures.
Enfin
ceux qui font l`apologie de la révolution permanente n`ont rien compris à ce soulèvement
de masse à la fois spontané et généreux, instantané et irréversible.
On
ne séjourne pas dans la révolution, qui est l`apogée, le comble de l`irréversibilité,
l`état précaire par excellence.
Le
déterminisme est impuissant aussi à expliquer la liberté révolutionnaire en
tant que surgissement, initiative du génie du peuple, inspiration presque
divine, qui arrive et repart comme l`éclair et qui nous permet de sauter dans
un autre monde.
La
discontinuité est irréductible à la répétition, elle est une mutation soudaine
qui nous fait renaitre et par laquelle nous retrouvons notre vocation
rationnelle.
Date de la première publication sur mon Facebook, Citoyen
du Monde Mohamed Kochkar, Docteur en épistémologie de l`enseignement (La
Didactique de la Biologie): Hammam-Chatt, jeudi 9 juin 2016.
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