La vertu est dans le « Livre »,
le vice est dans le cœur des zélotes et des prédicateurs mercenaires. Citoyen du Monde
Mohamed Kochkar, Docteur en épistémologie de l`enseignement
Source biblio :
La vie de Mahomet, Alphonse de Lamartine, éd CERES, Tunis, 2007, 231 pages.
(Édition originale à Paris en 1854).
Page
183 :
Le Coran, sorti verset par verset, était
recueilli et classé par les disciples. La vertu et le vice de ce code étaient
de confondre dans une même théocratie la religion et la législation civile.
Cette unité de la loi civile et de la loi religieuse serait la perfection des
institutions humaines si le législateur était infaillible ; la loi
deviendrait ainsi divine et humaine à la fois ; la conscience parlerait
comme l`autorité, et Dieu comme le prince. Le sujet ou le citoyen ne serait que
le fidèle ; le ciel et la terre seraient confondus dans le gouvernement.
Mais l`inconvénient des théocraties
telles que celle que fondait Mahomet, est de lier à un dogme religieux, qui
doit être absolu et immuable, une loi qui doit changer avec le temps, les
mœurs, le progrès des idées, les nécessités de la politique. On attache ainsi
par un lien indissoluble l`éternité au temps, Dieu à l`homme, la vie à la mort.
Quand les lumières plus avancées disent au gouvernement et au peuple :
Changez vos lois, votre administration, votre politique ; la religion,
inviolable dans ses préceptes et dans ses traditions, leur dit : Ne
changez pas une lettre de votre loi, car votre loi fait partie de moi-même !
Ainsi dépérissent et meurent les peuples théocratiques qui n`ont pas séparé le
pouvoir religieux et le pouvoir civil. Les théocraties sont les plus forts des
gouvernements à leur origine, les plus retardataires et les plus incorrigibles à
leur décadence.
L`islamisme n`était pas seulement un théisme
découvrant Dieu dans la raison et ne l`honorant que par les bonnes
œuvres ; il était une théocratie, c`est- à-dire le règne sacré et perpétuel
d`un pontife souverain sur la terre. C`est par là qu`il devait s`étendre et se perpétuer
comme religion, mais qu`il devait s`affaiblir comme empire. Fin de l`extrait.
Mon
commentaire :
Je rejoins Lamartine dans sa conclusion citée ci-haut:
« Les théocraties sont les plus forts des gouvernements à leur origine,
les plus retardataires et les plus incorrigibles à leur décadence ». Je
généralise ses propos tout en remplaçant le mot « théocratie » par son
synonyme « idéologie » et en citant son compatriote Sartre :
« Les idéologies sont liberté quand elles se font,
oppression quand elles sont faites. (Sartre Jean Paul, 1948, qu’est-ce que la
littérature ? collection idées / Editions Gallimard p.193).
Je partage aussi son analyse pertinente
sur les théocraties mais l`islam des intentionnalités et
des finalités (إسلام المقاصد)
n`est pas à mon avis une théocratie. Par contre Daech est une vraie
théocratie. Le Coran, à mon avis, est un texte
ésotérique (روحاني). Le Coran n`as tu
personne par contre les musulmans pionniers et contemporains en ont tué des millions mais pas plus que les chrétiens. C’est
vrai que l’islam s`est affaibli comme empire depuis
l’abolition de l’empire ottoman en 1924, mais il s`est étendu et s’est perpétué
comme religion et la majorité des musulmans d’aujourd’hui se sont convertis
sans glaive (l’Indonésie, la Malaisie et l’Afrique noire, l’Europe, l’Amérique
Latine et l’Amérique du Nord).
Moi,
en tant que musulman tunisien séculier (عَلماني)
à l’anglaise (pas laïque à la française), je ne réduis pas l`islam seulement à
ses cultes, ses rites ou ses tenues vestimentaires (foulard ou niqab), je le considère mieux dans ses principes généraux suivants (malheureusement
ils ne sont pas appliqués durant les 14 siècles écoulées depuis la mort du
prophète de l’islam) :
-
« Nul n`est croyant que si`il aime son prochain comme il aime
soi-même » (حديث: لا يؤمن أحدكم حتى يحب لأخيه ما يحب لنفسه ) : Si les musulmans ont observé seulement cette prescription
prophétique , Dieu les récompensera et les élèvera au rang des
meilleurs nations à condition qu’ils promouvaient la
vertu et interdisent le vice (قرآن: كنتم خير أمة أخرِجت للناس، تأمرون بالمعروف
وتنهون عن المنكر). Malheureusement, ils n’ont pas rempli cette
condition sine qua non et c’est pourquoi ils sont mis au banc des nations
depuis l’autodafé des livres d’Averroès.
-
L`islam n`est pas « un dogme
religieux absolu et immuable » comme il l`a découvert Lamartine
(d`ailleurs il ne connaissait pas l`arabe, il l`a lu chez les orientalistes de
son époque, 19e S, célèbres par leur parti-pris) : Dieu et son
prophète eux-mêmes en ont changé beaucoup (L’abrogeant
et l’abrogé-الناسخ والمنسوخ- dans le Coran et la
Sunna de Mohamed-ses dires et ses comportements). Omar, le deuxième Khalife a interdit
l`application d`une loi coranique explicite (l’amputation de la main du voleur)
au cours de l’année de famine (عام الرمادة).
-
L`islam a fondé le principe même de
changement en appelant l`homme à être responsable de ses actes ("لا
يغير الله ما بقوم حتى يغيروا ما بأنفسهم"). Il a changé ses lois (Ce qui est jugé bon par les musulmans est bon pour le Seigneur-ما رآه المسلمون حسن فهو عند الله حسن-Exemples : L`islam tunisien a banni
l`esclavage et la polygamie et a élevé les femmes au rang des hommes dans le
code de la famille de 1958), son administration
(en Tunisie, la fonction publique est gérée par des bureaucrates
et non des théocrates), sa politique (les musulmans tunisiens ont choisi
un régime parlementaire républicain) et a modernisé sa religion (sa
nouvelle constitution défend la liberté
de conscience et de croyance).
-
(الإسلام دين يسر وليس دين عسر) et Dieu
n’ordonne que ce qui est humainement possible (لا
يكلّف الله نفسا إلا وسعها). Je vous présente quelques exemples de prceptes islamiques qui pourraient faciliter notre
vie s’ils seraient pratiqués: Le principe en toute chose est la permission (الأصل في الأشياء الإباحة), les actions se
jugent par les intentions (إنما الأعمال بالنيات),
Chercher le bien, refouler le tort (جلب المصالح و درء
المفاسد), Juger en équité, c’est légiférer (مَن استحسن فقد شرّع), la nécessité fait loi. (الضرورات تبيح المحظورات), l’usage est
normatif (العادة محكّمة), ne pas provoquer de
dommages, ni répliquer par le dommage (لا ضرر ولا ضرار),
etc.
Si les musulmans riches feraient l’a
Et Mohamed (que Dieu le bénisse), était
connu par la rectitude de sa conscience. Il n`était
ni un pontife ni un souverain. Il
n`était qu`un remémorateur et non un dictateur ("فذكر إنما أنت مذكر (21)
لست عليهم بمسيطر(22)"). Il était dévot (ورِع). Il n`était ni Arrogant (متكبر),
ni fourbe (منافق). De son vivant, il n’avait ni palais ni trésors ni serviteurs ni concubines (جواري) et après sa mort il
n`avait laissé aucun héritage à ses descendants.
Ma
signature
« Pour l`auteur,
il ne s’agit pas de convaincre par des arguments ou des faits, mais, plus
modestement, d’inviter à essayer autre chose » (Michel Fabre &
Christian Orange, 1997).
« À un mauvais discours, on répond par un bon
discours et non par la violence » (Le Monde Diplomatique).
Einstein disait :"On ne résout
pas un problème avec les modes de pensée qui l'ont engendré."
Ma devise
principale : « Faire avec les conceptions non scientifiques pour aller contre ces mêmes conceptions et en
même temps amener les apprenants à auto-construire leurs propres conceptions scientifiques ».
« les conceptions non scientifiques ne sont pas fausses car
elles offrent pour ceux qui y croient un système d`explication qui
marche ».
Mon
public-cible: les gens du micro-pouvoir (Foucault) comme les enseignants,
les policiers, les artisans, les médecins, les infirmiers, les employés de la
fonction publique, etc.
Mauris
Barrès : « Penser solitairement mène à penser solidairement ».
Taoufik Ben
Brik : « nomme-moi offrande, et je m`offrirai ! ».
Date
de la première publication on line :
Hammam-Chatt, samedi 13 février 2016.
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